lundi 26 avril 2010

Edito du directeur genéral de sidwaya du lundi 26 avril 2010

Délestage, tolérance, adaptabilité



« L’impatience demande l’impossible », dit-on. Et c’est vrai qu’au début de la mise à exécution du programme de délestages, il y a de cela quelques années, nous étions tous impatients et nous le sommes toujours.

Car des dégâts, il y en a eu et il y en a ; difficile de conserver certains produits dits fragiles : laitiers, poisson, fruits de mer….retards de livraison accusés par certains promoteurs d’industries, retards de parution de journaux ; surcoûts pour les administrations publiques comme privées, pannes d’appareils dans les circuits de production comme dans les ménages….. A la suite de la plus brève coupure d’électricité, on piaffait de colère. On s’arrachait les cheveux : « Oh ! La SONAVILAINE ! ». Puis vient l’éblouissante nouvelle du 31 décembre 2009, date butoir à laquelle la "disette électrique" devrait être boutée hors du Burkina.

Nous avons attendu jusqu’au « 36 » et au-delà, rien ! Si les Burkinabè devraient continuer à s’arracher les cheveux pour cela, ils seraient tous devenus chauves. Solution ? Prendre la mauvaise et dure épreuve avec « philosophie », et s’en servir. Ainsi, beaucoup de choses se trament et se réalisent pendant les coupures d’électricité à Ouagadougou. Des plus « funs » aux plus sérieuses.

Entre l’Hôtel Silmandé et la MACO (suivez la ligne droite), une secte syncrétiste islamo-chrétienne avait élu domicile. A la collecte de l’information de la cité…, « nous » étions allés pour suivre une de ses célébrations. La quête avait été consistante, les paniers débordaient, presque, de pièces d’argent et de billets de banque. Une coupure d’électricité survint. Nous restâmes une heure dans le noir. Quand la lumière se fit, les paniers avaient disparu.

Il n’en fallait pas plus pour que le maître de cérémonie montât sur ses grands chevaux pour menacer en ces termes : « Vous que les ténèbres ont noircis et que la noirceur a enténébrés, où sont les paniers ? » L’heure se fit grave. Nous avions cru sage d’enfourcher notre Ninja blanche !Grâce au délestage, il y a des affaires qui ont prospéré et qui continuent de l’être. Ne sont point mécontents les vendeurs de groupes électrogènes ! ne sont point fâchés les loueurs de groupes électrogènes et autres produits de productions d’énergie ! Sont heureux les vendeurs de lampes électriques et ainsi de suite.

Il n’y a point à nier, les coupures provoquent d’importants dégâts ; on voudrait insister sur l’esprit de créativité, sur l’esprit d’auto-défense que les Burkinabè cultivent pour lutter contre le désagrément que créent les délestages. Il y en a qui pensent que cet état d’esprit conjugué au génie créateur de nos ingénieurs et chercheurs feraient naître incessamment des centrales solaires capables d’alimenter nos centres urbains et pourquoi pas s’interconnecter avec les réseaux des pays tempérés.

De l’énergie bon marché à la portée de tous induisant un développement puissant de nos villes et campagnes, vers le pays d’émergence qu’appellent de tous leurs vœux les dirigeants de ce pays. Mais, il reste une histoire. Entre la Patte-d’oie et Lanoayiri, une fillette avait l’habitude de conduire son grand-père aveugle. Surprises par une coupure d’électricité vers la fin de la saison des pluies, les deux personnes, ô combien fragiles, seraient tombées dans un caniveau constamment rempli d’eau usée.

Les Anciens disent : « Celui qui doit se pendre n’est jamais noyé ». Le contraire n’est pas moins vrai : « Celui qui doit se noyer n’est jamais pendu », fût-il avec ce que ne veut pas la SONABEL notamment ces accidents de la circulation et ces décès par suite d’interventions chirurgicales en nette augmentation. En tous les cas, il sied de travailler à faire en sorte que raconter de telles histoires, vraies ou fausses, ne soient pas un besoin chez quiconque… Car, il s’agit de drames humains. Vivement la fin des délestages. Bravo à l’esprit de tolérance et d’adaptabilité des Burkinabè

Par Ibrahiman SAKANDE

sakandeibrahiman@yahoo.fr

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