mardi 27 avril 2010

Des concessions pleines d’eau.

La pluie qui s’est abattue sur la capitale burkinabè, ce 26 avril 2010, a fait des dégâts. Des maisons remplies d’eau, des zones inaccessibles, c’est le constat fait hier soir par notre équipe de reportage après la pluie dans les quartiers Wayalghin et Somgandé.

Des meubles, des bouteilles de gaz, des assiettes, des nattes, etc. flottant sur l’eau à l’intérieur des maisons pleines d’eau. C’est le spectacle désolant qu’il nous a été donné d’observer dans certains quartiers de Ouagadougou, ce lundi 26 avril 2010 après la pluie. Certains habitants du quartier Wayalghin (juste derrière l’ENAREF) ne diront pas le contraire.

En effet, des rues entières sont restées inaccessibles jusqu’à 21h à cause de la présence des eaux. "J’étais au service lorsque ma femme m’a appelé pour dire que la maison est remplie d’eau.

Lorsque je suis arrivé dans le quartier, je ne pouvais pas arriver chez moi, étant à moto", a laissé entendre Souleymane Damiba. Certes, pour les habitants de ce quartier, la pluie était forte, mais la situation dans laquelle ils se retrouvent est la résultante d’un entrepreneur.

"L’inondation de nos maisons est due au fait qu’un entrepreneur a déversé le sable et les débris d’une maison en reconstruction dans le six-mètre. Il a bloqué le passage de l’eau", a déclaré Drissa Millogo.

Selon ce dernier, l’eau atteignait presque la hauteur de 1 mètre. Wayalguin n’est pas la seule zone à être touchée. Somgandé, un autre quartier de la ville, a été en partie touché par les eaux, mettant du même coup ses populations dans des situations similaires à celles de Wayalghin. Des cours, des boutiques, des caniveaux ont essuyé le courroux des eaux.

Et selon le vieux Lassané Kiendrébéogo dont la maison est située à côté de la boulangerie Wend Konta, sa cour est en difficulté parce que "la station Oryx construite au bord de la voie en direction de Ziniaré a bouché complètement les caniveaux".

A Wayalghin, des "sinistrés du 26 avril" sont allés même solliciter la compréhension d’un ancien ministre, dont la cour a été inondée, de percer son mur pour leur permettre d’évacuer les eaux contenues dans leurs domiciles. La tension est montée lorsqu’il a refusé de céder à la requête de ceux-ci. Et selon cet ancien responsable, "trop c’est trop".

"Le 1er septembre, j’ai percé le mur de ma concession pour évacuer les eaux qui stationnaient à l’intérieur de leurs cours. Cette année, ils me demandent de faire la même chose. Qu’ils arrangent leurs cours", a-t-il conclu. Selon d’autres informations parvenues à notre rédaction, des cours ont été inondées également à Ouidi et dans certaines zones non-loties.

Steven Ozias

KIEMTORE kozozias@yahoo.fr

lundi 26 avril 2010

Edito du directeur genéral de sidwaya du lundi 26 avril 2010

Délestage, tolérance, adaptabilité



« L’impatience demande l’impossible », dit-on. Et c’est vrai qu’au début de la mise à exécution du programme de délestages, il y a de cela quelques années, nous étions tous impatients et nous le sommes toujours.

Car des dégâts, il y en a eu et il y en a ; difficile de conserver certains produits dits fragiles : laitiers, poisson, fruits de mer….retards de livraison accusés par certains promoteurs d’industries, retards de parution de journaux ; surcoûts pour les administrations publiques comme privées, pannes d’appareils dans les circuits de production comme dans les ménages….. A la suite de la plus brève coupure d’électricité, on piaffait de colère. On s’arrachait les cheveux : « Oh ! La SONAVILAINE ! ». Puis vient l’éblouissante nouvelle du 31 décembre 2009, date butoir à laquelle la "disette électrique" devrait être boutée hors du Burkina.

Nous avons attendu jusqu’au « 36 » et au-delà, rien ! Si les Burkinabè devraient continuer à s’arracher les cheveux pour cela, ils seraient tous devenus chauves. Solution ? Prendre la mauvaise et dure épreuve avec « philosophie », et s’en servir. Ainsi, beaucoup de choses se trament et se réalisent pendant les coupures d’électricité à Ouagadougou. Des plus « funs » aux plus sérieuses.

Entre l’Hôtel Silmandé et la MACO (suivez la ligne droite), une secte syncrétiste islamo-chrétienne avait élu domicile. A la collecte de l’information de la cité…, « nous » étions allés pour suivre une de ses célébrations. La quête avait été consistante, les paniers débordaient, presque, de pièces d’argent et de billets de banque. Une coupure d’électricité survint. Nous restâmes une heure dans le noir. Quand la lumière se fit, les paniers avaient disparu.

Il n’en fallait pas plus pour que le maître de cérémonie montât sur ses grands chevaux pour menacer en ces termes : « Vous que les ténèbres ont noircis et que la noirceur a enténébrés, où sont les paniers ? » L’heure se fit grave. Nous avions cru sage d’enfourcher notre Ninja blanche !Grâce au délestage, il y a des affaires qui ont prospéré et qui continuent de l’être. Ne sont point mécontents les vendeurs de groupes électrogènes ! ne sont point fâchés les loueurs de groupes électrogènes et autres produits de productions d’énergie ! Sont heureux les vendeurs de lampes électriques et ainsi de suite.

Il n’y a point à nier, les coupures provoquent d’importants dégâts ; on voudrait insister sur l’esprit de créativité, sur l’esprit d’auto-défense que les Burkinabè cultivent pour lutter contre le désagrément que créent les délestages. Il y en a qui pensent que cet état d’esprit conjugué au génie créateur de nos ingénieurs et chercheurs feraient naître incessamment des centrales solaires capables d’alimenter nos centres urbains et pourquoi pas s’interconnecter avec les réseaux des pays tempérés.

De l’énergie bon marché à la portée de tous induisant un développement puissant de nos villes et campagnes, vers le pays d’émergence qu’appellent de tous leurs vœux les dirigeants de ce pays. Mais, il reste une histoire. Entre la Patte-d’oie et Lanoayiri, une fillette avait l’habitude de conduire son grand-père aveugle. Surprises par une coupure d’électricité vers la fin de la saison des pluies, les deux personnes, ô combien fragiles, seraient tombées dans un caniveau constamment rempli d’eau usée.

Les Anciens disent : « Celui qui doit se pendre n’est jamais noyé ». Le contraire n’est pas moins vrai : « Celui qui doit se noyer n’est jamais pendu », fût-il avec ce que ne veut pas la SONABEL notamment ces accidents de la circulation et ces décès par suite d’interventions chirurgicales en nette augmentation. En tous les cas, il sied de travailler à faire en sorte que raconter de telles histoires, vraies ou fausses, ne soient pas un besoin chez quiconque… Car, il s’agit de drames humains. Vivement la fin des délestages. Bravo à l’esprit de tolérance et d’adaptabilité des Burkinabè

Par Ibrahiman SAKANDE

sakandeibrahiman@yahoo.fr

lundi 19 avril 2010

Mathieu Ouedraogo Directeur du groupe k2 ; « Accompagner les entreprises dans la mise en œuvre de solutions spécifiques et adaptées »

Le cabinet-conseil, « Afrique compétences » est une filiale du groupe Ki2 basé à Casablanca au Maroc. Spécialisée dans la formation opérationnelle continue et le conseil d’entreprise, cette structure est dirigée par le Burkinabè Mathieu Ouédraogo avec qui nous avons eu un entretien lors de son récent séjour à Ouagadougou.

Sidwaya (S.) : Une structure comme celle que vous dirigez, apporte concrètement quoi à une entreprise ?

Mathieu Ouédraogo (M.O.) : Une approche distinctive du management des organisations permet d’améliorer la maîtrise des techniques de gestion en agissant sur le comportement des personnes et des équipes. « Afrique compétences » accompagne les entreprises dans la mise en œuvre de solutions spécifiques et adaptées à leurs besoins de formation professionnelle opérationnelle continue et de conseil d’entreprise.

L’objectif étant que les hommes et les femmes de l’entreprise s’approprient les techniques et les outils développés et deviennent ainsi les acteurs de la compétitivité.

Dans une relation de partenariat gagnant-gagnant, les actions d’Afrique compétences permettent de mobiliser et de canaliser toutes les énergies de l’entreprise de sorte à pouvoir mieux répondre aux attentes des partenaires, tout en optimisant les coûts.

S. : Quelles sont vos domaines de formation et d’intervention ?

M.O. : Nous avons plusieurs possibilités dans les domaines suivants : la gestion des ressources humaines, le management, le marketing, les marchés publics, la gestion financière et comptable, la législation du travail, la gestion de projets et programmes, le secrétariat et la gouvernance d’entreprise.

S. : Quelles est la spécifité d’Afrique compétences ?

M.O. : Nous avons au sein de notre cabinet- conseil, une équipe pluridisciplinaire résolument portée sur la culture de l’excellence. Ce qui nous permet de concevoir des stratégies spécifiques et adaptées pour répondre aux préoccupations présentes de nos partenaires. Très flexible dans le choix de nos programmes, nous les aidons à adapter leur formation par rapport à leur calendrier de travail.

Avec des tarifs très étudiés, l’hébergement et le petit déjeuner durant le temps de la formation sont à la charge d’Afrique compétences. Et nos formations se déroulent au Maroc qui vous accueille à bras ouverts. C’est un pays qui permet de joindre l’utile à l’agréable. Tout en offrant un environnement économique exemplaire et une stabilité politique, le Maroc vous plonge dans un cadre touristique enchanteur.

S. : Qui sont vos partenaires ?

M.O. : Nous travaillons avec des entreprises publiques, privées ou parapubliques, des organisations non gouvernementales, des institutions internationales résidentes qui ont le souci d’assurer aux hommes et aux femmes de leurs structures, une formation continue et qui demandent des sessions sur mesure pour leurs cadres moyens et supérieurs. Afrique compétences offre aussi des services à des particuliers qui, à la différence des entreprises, financent leur formation à titre individuel.

La qualité de nos prestations notamment nos études, nos formations, nos choix stratégiques et nos activités de conseil entreprise font que ce cabinet est une référence en Afrique francophone. Afrique compétences tend résolument vers le rang de leader en matière de conseil et de formation professionnelle continue. Et sur ce chemin du leadership, nous entendons faire route ensemble avec nos partenaires.

Entretien réalisé par Tabyam OUEDRAOGO

dimanche 18 avril 2010

Société civile, démocratie et élections

Une société civile forte est la meilleure garantie d’une démocratie vigoureuse. Les organes de la société civile créent les conditions nécessaires au développement de la démocratie en garantissant des élections impartiales et en exigeant des élus la mise en œuvre des principes de bonne gouvernance.

L’expérience d’un passé récent confirme que des élections ne garantissent pas à elles seules un régime démocratique. On constate que les pays où les institutions de la société civile sont puissantes sont également ceux où les élections sont impartiales et les élus tenus à de véritables normes de gouvernance. Une comparaison des régimes réellement démocratiques et des pseudo-démocraties permet de constater que la société civile renforce la démocratie, et réciproquement.

L’exemple de l’Indonésie

Depuis le renversement du régime autoritaire de Suharto en 1998, l’Indonésie a connu quatre changements paisibles de gouvernement par les urnes, en 1999, 2001, 2004 et 2009. Les progrès accomplis par la démocratie durant cette période sont remarquables. Classée en 1997 au niveau 6 sur l’échelle mondiale des libertés politiques et civiles publiée par Freedom House (sept étant la note la plus défavorable), l’Indonésie a rejoint en 2009 les rangs des démocraties relativement libérales, avec une note de 2,5.

Une société civile dynamique et bien organisée a permis de maintenir l’adhésion des Indonésiens aux principes et attentes démocratiques, en dépit des craintes de conflit et de fractures politiques qui avaient apparu. L’impartialité des élections a été assurée par des groupes tels que le Forum de la démocratie, le Forum des présidents d’université et le Réseau universitaire pour des élections libres et impartiales. Mais, de manière tout aussi significative, d’autres institutions de la société civile ont imposé aux hommes et femmes politiques de respecter les règles de la démocratie, de tenir leurs promesses et de continuer à rendre compte aux électeurs entre les élections.

M. Hadi Soesastro, directeur du Centre d’études stratégiques et internationales de Djakarta, a indiqué en 2001 à une audience américaine que la démocratie nouvelle du pays était encore fragile, et qu’il existait un risque important de voir le processus s’inverser. Selon lui, la société civile indonésienne considérait alors que sa mission principale était de prévenir un tel revers. « C’est notre première priorité » a-t-il ainsi déclaré. Neuf années plus tard, la société civile indonésienne peut proclamer mission accomplie. Mme Hillary Clinton, Secrétaire d’État des États-Unis, a félicité les personnalités principales de la société civile indonésienne lors de son voyage à Djakarta en février 2009. Elle a noté leur contribution à l’établissement d’un pays tolérant et respectueux des principes de la démocratie et des droits de l’homme, en ajoutant : « Aux gens que je rencontre lors de mes voyages dans le monde entier, je vais pouvoir dire : allez en Indonésie si vous souhaitez voir si l’Islam, la démocratie, le monde moderne et les droits de la femme peuvent coexister ! »

Il est désormais bien connu que des élections ne suffisent pas à garantir une démocratie solide. C’est la raison pour laquelle les efforts de promotion et de soutien à la démocratie sont axés sur d’autres activités, du soutien à la société civile au renforcement du processus législatif. Mais les aspects électoraux et non électoraux de la démocratie sont interdépendants. On ne peut dissocier les uns des autres, et ils évoluent généralement de pair. Une société civile dynamique, bénéficiant du soutien d’une presse libre et d’autres organisations indépendantes, ne se contente pas de valider les résultats des élections en garantissant leur impartialité, leur légitimité et leur conformité aux règles du droit : elle assure également la bonne gouvernance après les élections, en exigeant des comptes du gouvernement et en imposant la transparence et le respect de la loi. Lors de ses discours de Moscou et d’Accra en 2009, le président américain Barack Obama a déclaré que le rôle de la société civile était de provoquer un changement démocratique selon une approche de la base vers le sommet. Comme il l’a précisé à Accra : « Il ne s’agit pas seulement d’organiser des élections - il faut voir ce qui se passe entre les scrutins. »

L’exemple de l’Éthiopie

L’Éthiopie est un autre exemple du processus de consolidation démocratique de la base vers le sommet. Le pays a tenu ses premières élections véritablement ouvertes en 2005, avec l’aide d’organisations de la société civile éthiopienne jusqu’alors intéressées principalement par les efforts d’aide humanitaire et de développement. Remettant pour la première fois en cause la domination absolue du Front Démocratique Révolutionnaire du Peuple Éthiopien (FDRPE), au pouvoir depuis dix ans, les partis d’opposition ont accru leur représentation à l’assemblée nationale en obtenant 173 sièges sur 547, alors qu’ils n’en détenaient que neuf précédemment. Des programmes d’éducation civique de la population avaient été déployés par des organisations de la société civiles telles que Fafen Development et le Vision Ethiopian Congress for Democracy, qui avaient également détaché des observateurs le jour des élections. Malgré cela, le régime a tenté de truquer les résultats, provoquant ainsi des manifestations suivies d’actions de répression dans la capitale, Addis-Abeba. Faisant front commun, les organisations de la société civile ont obligé le régime à accepter les résultats des urnes dans le cadre d’un pacte conclu en mai 2006. Les dirigeants de la société civile qui avaient été arrêtés ont été remis en liberté.

Depuis, les associations de la société civile maintiennent le FDRPE sous pression afin qu’il respecte les droits de l’opposition et gouverne par consensus plutôt que par contrainte. Un nouveau sens de la responsabilité s’est fait jour. En 2007, un ancien premier ministre et un ancien ministre de la défense ont été jugés et condamnés pour corruption, après les questions soulevées par les groupes de défense des droits civiques. En 2008, les efforts des associations de la société civile ont permis l’adoption d’une nouvelle loi sur les médias. Le parlement comptait désormais parmi ses membres des représentants de différentes tendances et de différents partis politiques. Interdisant la censure des médias privés par le gouvernement et la détention des journalistes, la nouvelle loi montre que la société civile et des élections libres se renforcent mutuellement. Comme l’a noté le président Obama dans son discours d’Accra : « Dans toute l’Afrique, nous avons vu de multiples exemples de gens qui prennent leur destinée en main et qui opèrent des changements à partir de la base. »

Autres exemples

Quatre pays anciennement communistes ont connu une révolution démocratique réussie entre 1998 et 2004 : la Géorgie, l’Ukraine, la Slovaquie et la Serbie. La société civile a joué un rôle similaire dans chaque cas. La mobilisation initiale de la société civile avait pour origine la recherche d’élections libres et impartiales. Des mouvements pour la liberté de vote dynamisent la société civile et l’orientent vers un rôle plus ouvertement politique dans les pays du monde entier où se poursuit la lutte pour la démocratie. On citera notamment les exemples des Philippines, du Ghana, de l’Iran et du Kénya.

Après les élections

Le rôle de la société civile se poursuit après les élections, même si celles-ci sont libres et impartiales. Son action est alors moins spectaculaire ou médiatisée, mais son impact sur la bonne gouvernance n’en est pas moins essentiel. La société civile lutte jour après jour pour obtenir l’abolition des lois répressives, dénoncer la corruption et assurer une représentation équitable des divers groupes, intérêts et idées. Elle met les gouvernements devant leurs responsabilités et fait son possible pour que les dirigeants continuent à respecter les règles de la démocratie. Comme l’a indiqué le président Obama au Caire en 2009 : « Il faut conserver le pouvoir par le consentement du peuple et non la coercition ; il faut respecter les droits des minorités et participer, dans un esprit de tolérance et de compromis ; il faut mettre les intérêts du peuple et le déroulement légitime du processus politique avant ceux de son parti. Sans ces ingrédients, les élections ne créent pas une vraie démocratie à elles seules. »

Professeur à l’université de Yale, Susan Rose-Ackerman a rappelé dans son ouvrage From Elections to Democracy, publié en 2005, les différents facteurs permettant d’assurer l’intégrité du processus politique. En conclusion, elle note que seule une société civile dynamique dispose des moyens de consolider la démocratie : « Les États issus de l’ancienne sphère socialiste et les démocraties en phase de consolidation dans le monde entier ont tout intérêt à favoriser la création d’institutions qui canalisent et organisent la participation des personnes et des groupes au processus politique. »

En l’absence de société civile

Les années récentes ont également été marquées par des exemples d’élections dans des pays où la société civile était absente. Les spécialistes ont décrit ces pays caractérisés par des élections plus ou moins libres et des sociétés civiles trop faibles ou insuffisamment développées pour engager la responsabilité du gouvernement. Les termes qui reviennent les plus fréquemment sont ceux de démocratie faible, démocratie sous contrôle, démocratie non libérale, ou d’autoritarisme compétitif. Ce phénomène aura été le plus évident dans des pays anciennement communistes où la révolution a échoué, par exemple en Biélorussie (2005) ou au Kirghizistan (2008). La société civile de ces pays est restée très dépendante à l’égard des pays donateurs et n’a qu’une présence minime en dehors des capitales. La population n’a donc pas suivi lorsque les militants de la société civile se sont mobilisés en formant des mouvements pour des élections libres. Une société civile superficielle ou faible a également permis à des régimes autoritaires issus des urnes de s’accrocher au pouvoir en Malaisie, en Russie et au Cambodge.

Le Vénézuéla constitue le contre exemple d’un pays où une société civile dynamique n’a pas su maintenir une démocratie libérale pourtant florissante, comme c’était le cas dans ce pays jusqu’à la fin des années 90. L’exemple du Vénézuéla, comme celui du Zimbabwé, nous rappelle que les forces qui agissent de la base vers le sommet sont parfois insuffisantes pour garantir la démocratie : les pressions internationales, le système judiciaire, les commissions électorales et les élites politiques ont tous un rôle à jouer pour protéger la démocratie. Et parfois, il est vrai, des élections à elles seules sont suffisantes pour créer le mouvement social permettant d’assurer la victoire.

Fort heureusement, la libéralisation du système politique crée sa propre dynamique. Une fois libérée, la société civile est difficile à contrôler. Le président Obama et la Secrétaire d’État Hillary Clinton soulignent à juste titre l’importance du rôle de la société civile dans la consolidation de la démocratie, durant les élections comme après. Tous deux souhaitent renforcer la société civile et la démocratie aux États-Unis. M. Obama incarne cette mission : ancien organisateur communautaire, le président de notre pays comprend parfaitement la relation étroite entre la société civile et la vraie démocratie.
Par Bruce Gilley.

Bruce Gilley enseigne à l’École des sciences politiques de la Hatfield School of Government, Université d’État de Portland (campus de Portland, Oregon). Il consacre ses travaux à la démocratie, à la légitimité politique et aux affaires politiques internationales, notamment en Asie. Bruce Gilley est l’auteur de « The Right to Rule : How States Win and Lose Legitimacy », publié en 2009, et « China’s Democratic Future », publié en 2004. Il est membre du comité éditorial du Journal of Democracy.



Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la politique du gouvernement des États-Unis.

(Diffusé par le Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat. Site Internet : http://www.america.gov/fr/)

mercredi 14 avril 2010

Mort suspecte d’une fillette de cinq ans

Une petite fille est décédée le 14 janvier 2010 dans des circonstances « suspectes » au Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) du secteur N°15 de Ouagadougou. Suite à ce triste événement, la deuxième concubine du père de la défunte (et son fils de 5 mois) a été arrêtée et déférée à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO).


Elle s’appelle M.O. Elle est née, selon son père, le 2 octobre 2005. Elle aurait eu cinq ans en 2010, si elle était en vie. Hélas, la petite est morte dans la nuit du 14 janvier 2010 au Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) du secteur 15 de Ouagadougou. Un témoin, proche de la famille de la défunte a affirmé que l’enfant et ses accompagnateurs sont arrivés à 22h15 ce 14 janvier au CSPS.

Nous n’avons pas été autorisés à jeter un « coup d’œil » dans le registre de consultation où sont mentionnés les entrées, les sorties et les décès…. Le chef de poste, l’infirmier, nous a confirmé le 13 février dernier que la petite y est arrivée effectivement dans la nuit du 14 janvier et placée immédiatement en urgences par le service de garde. Ce qui signifie que la patiente était entre la vie et la mort à son arrivée. Cependant il a reconnu qu’il n’a pas été témoin oculaire de l’arrivée de la petite.

Toutefois, l’infirmier a avoué qu’une autopsie n’a pas été réalisée sur le corps de l’enfant. Du reste, un CSPS ne dispose ni de la compétence humaine en la matière, ni du matériel technique approprié. Une autopsie est d’abord une exigence de tout citoyen qui en émet le souhait en s’adressant à l’autorité médico-administrative compétente. Mais l’infirmier a tout de même précisé qu’un certificat d’expertise médicale a été établi. Ce document médical a révélé la mort « suspecte » de l’enfant dont l’arrêt du battement du cœur, la respiration et le pouls aurait été constaté dès son admission aux urgences.

La petite avait cessé de vivre à son arrivée au dispensaire. L’accès au certificat d’expertise médicale nous a été refusé sous prétexte du secret médical. Un certificat de décès aurait pu nous éclairer davantage mais la famille de la victime tourmentée sans doute par ce malheureux événement n’a pas demandé qu’on lui établisse ce document. En définitive, la petite a été inhumée sans qu’on ne sache véritablement la ou les causes de son décès.

Par la suite, les choses se compliqueront. « Comme par hasard, un inconnu qui était de passage cette nuit au CSPS a posé plainte au commissariat de police de Bogodogo contre les parents de l’enfant décédée », a révélé l’infirmier chef de poste.

Mais une source proche de la famille nous a appris que la plainte proviendrait d’un magistrat qui, venu cette nuit-là au CSPS pour des soins, a été témoin du décès de la petite. Un autre informateur soutient plutôt que le décès de M.O. est parvenu à la police suite à la dénonciation d’un commerçant de petits ruminants (moutons, chèvres, cabris…) exerçant à la gare routière de Ouagainter. Sur ce sujet, les témoignages divergent. Mais qui donc a informé la police du décès de l’enfant ?

La plainte aurait-elle été formulée la même nuit, ou le lendemain de la mort de la fillette ? Mystère et boule de gomme. De toutes les façons, en suivant de près l’évolution extraordinaire de ce décès en passe de devenir une « affaire de meurtre », on se rend compte que de nombreuses zones d’ombre demeurent : D’abord, suite à la plainte formulée par cet « inconnu », l’infirmier a reçu une réquisition judiciaire de la police l’invitant à produire un certificat d’expertise médicale.

Ensuite, une enquête judiciaire a été ouverte afin d’établir les vrais mobiles de la mort de la fillette. Le père de la victime est né en 1982. Il vit à la Patte d’Oie au secteur 15 de Ouagadougou en concubinage avec une jeune fille du nom de M. K., 25 ans. M.K. est la toute première copine de H.O.. De leur liaison, est née la petite dont la mort survenue le 14 janvier suscite toujours tant d’interrogations.

Le jeune homme a soutenu que son amour avec cette dernière a duré à peu près trois ans. Malheureusement ils se sont séparés depuis longtemps. En partant, elle a « abandonné » sa fille à son copain. Obligé de se débrouiller, H. O. était régulièrement absent de la maison laissant ainsi l’enfant aux petits soins de ses proches. Et la vie a poursuivi son cours… Quelques années plus tard, le même H.O. fait la connaissance d’une nouvelle fille. Elle s’appelle M. S., 24 ans.

Elle deviendra donc la deuxième concubine du jeune homme. Ces deux tourtereaux vivaient toujours en ensemble jusqu’au jour où la police les a séparés. H.O. et M. S. ont eu aussi un enfant du nom de R.O., né en octobre 2009. Il a moins de cinq mois et vit aujourd’hui avec sa mère en prison. H.O., le père ; M. S. et son fils ; et la défunte M.O., l’enfant de la première, ont partagé longtemps ensemble le même « studio » dans la cour familiale.

Outre son enfant, M.S. a eu à prendre en charge l’ « éducation » de la petite. M.K. et M.S., les deux concubines aveuglées par la jalousie, se détestaient. Les visites que la première souhaitait rendre à sa fille lui sont refusées par la deuxième avec la complicité passive de la famille de H.O. La petite, alors maladive, va se retrouver au centre d’un affrontement entre les deux concubines de son père.

Meurtre ou règlement de comptes ?

Dans la nuit du 14 janvier 2010, M.S., serait sortie brusquement de la maisonnette en appelant au secours. Les témoignages recueillis dans l’entourage de la famille ont révélé que cette dernière, dans son appel au secours, a déclaré l’enfant de la première concubine dont elle avait la charge, morte. Un homme d’un âge avancé dit avoir cru, lui, plutôt à un évanouissement de la petite cette nuit-là. Certains voisins ont confié que M.S. aurait assommé la victime à coups d’on ne sait quoi.

D’autres ont avancé qu’elle aurait étouffé l’enfant. Des voisins et des membres de la famille de H.O. disent avoir été témoins de cet incident survenu à l’absence de H.O. qui savait l’état de santé de son enfant assez détérioré. En effet, avant de quitter le domicile ce 14 janvier, H.O. est allé acheter des médicaments de toux dans une pharmacie du quartier (voir photo). Toutefois, un agent de santé nous a rassuré que ces médicaments ne sont pas « dangereux ». Mais il s’est trouvé que ces produits n’ont pu guère soulager l’enfant très mal en point si bien qu’elle a été conduite au CSPS dans la même nuit.

Alors, M.O. était-elle déjà morte en arrivant au CSPS ? En tous les cas, elle y est ressortie décédée. Elle a été d’ailleurs inhumée le lendemain 15 janvier au cimetière de Karpalla. Les témoignages font ressortir qu’après l’inhumation, M.K., la mère de la victime a accusé le 16 janvier dernier, M.S. d’être l’auteur de la mort de sa fille.

M.S. et son enfant à la MACO

Conduits par M.N.C., des policiers du commissariat de Bogodogo se seraient rendus le 18 janvier au domicile de la deuxième concubine. En effet, avisée par sa maman à l’arrivée de la police, M.S. a été aussitôt embarquée avec son enfant dès qu’elle s’est présentée à la porte. « Les policiers sont arrivés un matin alors que nous portions le deuil de la fillette.

Ils ont demandé à parler à ma fille M.S. qui, elle-même malade, avait rejoint la maison pour continuer sa convalescence. Dès qu’elle s’est présentée à la police, elle a été aussitôt empoignée », a expliqué, les larmes aux yeux, A.S., la mère de M.S. M.S. et son enfant auraient été gardés au commissariat de Bogodogo du 18 au 21 janvier 2010, date de leur dépôt à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO).

L’enfant est présentement sous allaitement maternel. Nous avons rencontré « Nabiga » le 27 janvier à la gare routière de Ouagarinter pour échanger avec lui sur cette « mort suspecte ». L’entretien a tourné court car il s’est passé dans une atmosphère très hostile. Notre interlocuteur nous a renvoyé « voir » le policier ayant diligenté l’« enquête ».

Quand nous nous sommes rendus à la police, nous avons été « gentiment » renvoyé aussi vers le procureur qui, prétextant le secret judiciaire, n’a voulu donner aucune information sur la mort de M.O. Toutefois, le procureur nous a confirmé le 15 février, l’effectivité de leur détention. En tous les cas, les témoignages recueillis le 17 février au domicile de la maman de la deuxième concubine ont affirmé que M.S. et son fils ont été conduits le 18 janvier dernier à la police de Bogodogo. De nombreuses personnes dans l’entourage du père de la défunte, et H.O. lui-même ont été auditionnées par la suite.

Le 16 février une juge d’instruction a entendu H.O. sur « l’affaire M.S. inculpée de meurtre » (voir encadré). L’ouverture de cette information judiciaire fait suite au PV (Procès Verbal) N°201-018 du commissariat de police de Bogodogo dressé au vu du rapport d’expertise médicale du CSPS. Que reproche-t-on à la deuxième concubine de H.O. ? Et de quoi est morte la fillette de cinq ans ?

A ces questions, ni le procureur du Faso, ni la police, ni l’infirmier n’ont voulu nous éclairer davantage. Quant à A.S., la mère de la détenue, elle a confié que sa fille est inculpée de « meurtre » et qu’on attend d’elle qu’elle reconnaisse les faits. La « vieille » dit s’être rendue par deux fois à la MACO pour voir sa fille et son petit-fils. Selon toujours la vieille et le jeune homme lui-même, M.S. serait actuellement malade et s’évanouirait fréquemment à la MACO.

H.O. qui dit détenir les informations à partir des appels de la garde de sécurité pénitentiaire, a confirmé que sa copine y a perdu connaissance le 21 janvier dernier. Comme s’il voulait nous rassurer, il nous a montré un numéro d’un appel reçu le 26 janvier l’invitant à passer à la MACO pour des ordonnances destinées aux soins de sa copine.


Idrissa NOGO des Editions Sidwaya.
idrissanogo@yahoo.fr

mercredi 7 avril 2010

Le cône d'épandage de Mihity en péril



Le cône d’épandage, à Mihity, dans la commune rurale de Banh, province de Lorum subit actuellement, une colonisation sans précédent. Des familles entières ont délibérément pris l’initiative de s’installer dans cette réserve naturelle de portée internationale pour des pratiques agricoles. Malgré les injonctions, elles ne démordent pas. Progressivement, ce gros poumon écologique de 10 003 hectares est déchiqueté.
Ces assauts répétés contre les terres fertiles mettent en péril l’équilibre de l’écosystème, ainsi que les oiseaux migrateurs en provenance du Delta du Niger et des zones froides de l’hémisphère Nord. Pourtant, le cône d’épandage de Banh est une escale agréable pour ces animaux en quête de fraîcheur, d’humidité et de lieu propice de ponte.
En 1998-1999, des observations ornithologiques effectuées par l’Institut national de l’environnement et de la recherche agronomique (INERA) y ont dénombré cent vingt quatre (124) espèces d’oiseaux appartenant à 39 familles dont 24 européennes parmi lesquelles des rapaces tels des cigognes, des ombrettes …
Logée dans une zone reconnue très aride, le cône d’épandage de Banh, inscrit le 7 octobre 2009 à la Convention « Ramsar », a une grande valeur environnementale, scientifique et économique. « Ce site est caractérisé par un contour polymorphe et à la fois changeant dans l’espace en fonction de l’importance des inondations. Elle représente une lame d’eau en hivernage.
La lame d’eau disparaît dès le début de la saison sèche par infiltration », relèvent les études réalisées par Pr François de Charles Ouédraogo du département de géographie à l’Université de Ouagadougou. Cette zone constitue, à la porte du Ssahel, une formation végétale de forêt sèche dominée par des épineux et des combrétacées très denses.
C’est une véritable zone de pâturage pour le cheptel et un refuge pour la faune sauvage. « Dans cette zone sahélienne où le potentiel eau, sol et végétation fait partie des préoccupations essentielles des populations, le cône d’épandage est au cœur de notre plan communal de développement », soutient Boukary Barry, maire de la commune rurale de Banh.
Malgré tout, cette enclave écologique ne bénéficie pas de toutes les attentions. Elle est constamment violée. En plein cœur, des surfaces emblavées se multiplient. Si rien n’est entrepris pour limiter les dégâts, ce sera l’asphyxie programmée de cette zone pourtant inscrite « Site Ramsar », du nom de cette ville iranienne où a été adoptée le 2 février 1971, « La Convention sur les zones humides d’importance internationale » en vigueur depuis 1975.
Ce traité intergouvernemental qui sert de cadre à l’action nationale et à la coopération internationale pour la conservation et l’utilisation rationnelle des zones humides et de leurs ressources a été ratifié le 7 octobre 2009 par le parlement burkinabè. Il se fonde sur la préoccupation des Organisations non gouvernementales (ONG) et des Etats devant la perte et la dégradation croissantes des zones humides qui servaient d’habitats aux oiseaux migrateurs.
C’est le seul traité mondial du domaine de l’environnement qui porte sur un écosystème particulier et les pays membres de la Convention couvrent toutes les régions géographiques de la planète dont le « Cône d’épandage de Banh ». A ce jour, le Burkina Faso a terminé la procédure d’inscription de douze (12) nouveaux « Sites Ramsar » d’intérêt extraordinaire répartis entre les régions du Sahel, du Nord, des Cascades, du Sud-Ouest, du Centre et de l’Est.
Ces endroits comprenant des lacs naturels et artificiels, ainsi que des cours d’eau permanents et saisonniers. Ils représentent un large éventail de types d’écosystèmes extrêmement importants pour la faune sauvage de la région et pour la stabilité hydrologique, climatique. Les nouveaux sites rejoignent dans le cadre de la préservation des écosystèmes, la Mare aux hippopotames, la Mare d’Ourcy et le Parc national du « W » inscrits en 1990 et portant le total national de « Ramsar » à quinze (15) sites de 652 502 hectares (ha).
Une violation sans crainte, sans regret
Le cône d’épandage de Banh qui devrait bénéficier d’une protection totale semble être abandonné aux aspirations culturales des paysans. A Mihity, à 25 kilomètres de Banh, à la frontière du Mali limitant le site dans sa partie ouest, la convention de Ramsar est mise à rude épreuve.
L’exploitation abusive des ressources forestières par un groupe d’hommes inquiète producteurs, éleveurs et écologistes. Venus du village voisin de Sobangouma à environ 5 km de la frontière, une famille entière se livre en toute impunité et en toute passivité à une défriche anarchique des bordures des mares. « J’étais dans un village au Mali.
Après des incompréhensions avec le chef, j’ai décidé de retourner sur les terres de mes ancêtres. Ici, je cultive du riz dans le bas-fond pour assurer la survie de ma progéniture. Mais les Peulhs ne veulent pas me voir », explique le chef de famille. Il n’a pas trouvé mieux pour assurer sa subsistance que de s’attaquer à un espace protégé accueillant des espèces animales et végétales rares. Déjà cinq (5) ha de la zone qui sont défrichés en pleine forêt depuis la saison agricole de 2008.
Le mutisme observé face à cette colonisation pourrait engendrer l’arrivée d’autres familles. Bien qu’elle suscite le mécontentement des populations riveraines de Mihity, Tchabwal, Niongono, Bani, Nongdoum qui ont traditionnellement en commun le partage des ressources fauniques, halieutiques et forestières du cône.
« Personne ne cultive dans cette zone. Les Bellas qui y résident se déplacent sur le flanc gauche pour des activités agricoles. », rassure le maire Barry. Et d’exprimer ce bras de fer : « Nous avons proposé à la famille exploitant les cinq hectares une autre zone agricole mais elle a refusé cette offre et reste campée sur sa position. Pour elle, c’est la terre appartenant à ses aïeux, et pour rien au monde, elle ne quittera ».
Face à cet entêtement pour libérer un lieu nourrissant leurs bêtes, les éleveurs interdisent à la famille en question l’accès au forage de la localité et lui lance un ultimatum pour évacuer. Mais le chef de famille s’en moque et entreprend de creuser un puits. En juin 2009, la tension monte entre les deux groupes obligeant l’autorité administrative à prendre des mesures conservatoires.
Elles marquent l’arrêt en l’état des défriches en attendant une solution définitive et autorise l’accès à l’eau potable de la famille mise en cause. Les deux parties s’engagent au respect des clauses conclues sous la houlette du gouverneur de la région du Nord. Mais l’affaire prend des connotations ethniques dans laquelle le pouvoir coutumier semble fortement sollicité.
D’un côté, la chefferie coutumière peulh de Banh et de Sobangouma au Mali pour les éleveurs, de l’autre, le Yatenga-Naaba, à qui la famille exploitant la zone interdite s’en remet. Malgré les mises en garde, elle persiste et poursuit les défriches. Pire, dans la zone, il y a un regain d’activité agricole. Une politique de colonisation progressive des lieux est en train de s’installer. De la seule famille en 2008, une quarantaine de personnes occupent aujourd’hui le site.
La pratique des cultures sur brûlis confirme l’intention d’une installation définitive. Une augmentation des superficies emblavées est à craindre. Les conséquences seront énormes : dévastation de la flore, disparition de la faune, bouleversement de l’écosystème. Et c’en sera fini pour le cône d’épandage de Banh déjà en proie aux effets des changements climatiques.
La réduction de la biomasse sous l’effet d’un climat de plus en plus capricieux et le prélèvement humain anarchique nuisent l’existence de la biodiversité de ce site singulier en milieu sahélien. Si ce phénomène se conjugue à des activités agricoles incontrôlées, c’est la catastrophe.
La disparition progressive de la forêt marquée par la mort de grands arbres séculaires, du couvert herbacé et l’absence de signe de régénération est bien réelle. Les oiseaux migrateurs sont confrontés à la modification de l’écosystème due à la péjoration climatique et à la pression anthropozoogène.
Sous l’effet de l’ensablement progressif des mares, l’on assiste à un rétrécissement et à un déplacement du cône d’épandage d’Est vers l’Ouest. Les défriches incontrôlées et anarchiques suite à l’installation progressive des populations venant de Banh et de Sobangouma risquent à coup sûr, d’achever cette réserve naturelle dont la renommée dépasse les frontières du pays. Cette richesse naturelle aux portes du Sahel est bien en péril.

Abdoul Salam OUARMA

lundi 5 avril 2010

Flic d'un nouveau genre.


Motocyclistes et automobilistes
respectent les consignes
des nouveaux
« flics »
d’un autre genre .
Ces vendeurs de cartes de recharges téléphniques aux feux tricolores de la ville de ouaga se sont transformés en citoyens gestionnaire de la circulation routière; avec ces temps de délestages et de coupures d'éléctricité. Ils reglèmentent en effet la circulation pour éviter les accidents au niveaux des croisements ou ils vendent d'habitude leurs cartes. "ce sont nos clients. Sans les feux un accidents est vite arrivé et nous aussi nous perdont. laors pourkoi ne pas aider la police qui ne peut pas tout faire nous a confier Abdoulaye." Et les flics de se demander pourkoi ces collègues d'un autre genre ont leurs consignes respectées plus que eux même commis d'habitude et officielement à cette tâche.

par tabyam ouedraogo.

jeudi 1 avril 2010

GBAGBO à BOBO


Le Président ivoirien Laurent GBAGBO a effectué le jeudi 1er avril 2010 une visite de quelques heures à Bobo-Dioulasso, pour évoquer une fois de plus la crise en Côte d’Ivoire avec le facilitateur Blaise COMPAORE. « Nous avons eu ces mois-ci, une crise dans la sortie de crise et donc avant de reprendre la route, il était bon que je rencontre le facilitateur, qu’on fasse le point de la crise, qu’on fasse le point de ce qu’il nous reste à faire, et qu’on reparte du bon pied », a confié le Président GBAGBO à la presse. Il a par ailleurs précisé que la liste électorale, la réunification et le désarmement ne sont pas des points contradictoires.
« La liste électorale était prévue avant même que la liste ne soit établie. Il y avait un croisement informatique, il faut maintenant un croisement humain. C’est ce que nous allons faire et puis nous allons en même temps faire ce qu’on appelle la réunification du pays qui comprend beaucoup de choses. Le déploiement des postes de douane, des militaires et de l’administration préfectorale. On va repartir de bon pied », a-t-il aussi rassuré.
Le Président du Faso, Blaise COMPAORE, facilitateur dans la crise en Côte d’Ivoire a pour sa part indiqué que le Président GBAGBO lui a renouvelé a la fois sa confiance et dit sa disponibilité à faire aboutir le processus. « Hier j’étais avec le Premier ministre SORO et je crois que les parties signataires de l’accord politique sont pleinement engagées aujourd’hui, dans les deux directions à savoir finaliser la liste électorale et assurer une réunification totale du pays pour créer les meilleures conditions possibles pour que les élections se déroulent de façon apaisée et surtout dans la transparence » a déclaré le Président COMPAORE . Pour le facilitateur, « on ne peut pas travailler aujourd’hui sur les listes sans tenir compte des retards enregistrés. Donc il faut voir comment mettre tout cela en harmonie de façon à ce que dans un délai aussi proche que possible, nous puissions réussir à réaliser tous ces actes qui vont concourir à faire en sorte que sur ces deux grandes questions majeures, il n’y ait plus de doute au niveau des Ivoiriens ».
Blaise COMPAORE a enfin souhaité que dans les semaines à venir on puisse avoir beaucoup de lisibilité et de clarté sur ces deux questions majeures pour les parties engagées, mais surtout pour la Côte d’Ivoire et pour la communauté internationale.