vendredi 16 juillet 2010

Un combat inutile entre un grossiste et ses détaillants

La société Cado Deco est accusée de pratiquer à la fois le commerce
en gros et celui en détail par l’Organisation nationale des commerçants
du Burkina ( ONACOM/B ) (lire sidwaya n° 6709 page 12).
Et par la voix de son président Moussa Drabo, cette association s’inquiétait,
au cours d’une conférence de presse, le samedi 03 juillet 2010
à l’école Dagnoen de Ouagadougou, de la disparition des détaillants
qu’une telle situation pourrait entraîner.

A dire vrai, il n’en est rien, au regard des expériences passées. D
éjà au XIXè siècle, des compagnies ferroviaires avaient cru pouvoir devenir marchands de blé !
Rockeffeller lui-même s’était assuré du contrôle de son réseau des puits à la pompe.

Les sidérurgistes ont, quant à eux, pensé un temps, qu’avoir un pied dans le charbon et le minerai, et l’autre, dans l’acier, leur assurait une position confortable
dans ce secteur économique.

C’est le même mariage du contenu et du contenant que l’on a observé entre-temps,
chez Vivendi Universal avec la volonté de tenir dans une même main,
les tuyaux et de maîriser ce qui passe à l’intérieur.
C’est ce que l’on a appelé " l’intégration verticale".
C’est comme si un vendeur de Pizzas, venait à se dire qu’être propriétaire
à la fois de la pâte et des ingrédients est un excellent business.

Toutes ces constructions ont fini par subir les effets contraires des cycles différents de produits censés être complémentaires.
Que l’ONACOM/B se rassure donc, car c’est certes une séduisante vision,
mais "ce mariage sous régime de biens communs" n’aboutit qu’au divorce.

En effet, tenir tout peut rapporter gros mais coûte extremement cher.
Les deux protagonistes pourraient donc faire l’économie de cette guéguerre.
Voilà une situation qui va s’étouffer de l’intérieur que l’ONACOM/B
s’évertue à combattre de l’extérieur.

L’association des commerçants mène à notre avis, un combat inutile
et la société Cado Deco a intérêt à recentrer sa politique,
si l’accusation première s’avère être une réalité.

La question à laquelle ces deux se doivent de répondre
est plutôt la suivante : pour maîtriser le marché
doit-on être fort sur toute la ligne ou imprenable sur un point ?

Tabyam Abdoul Salam OUEDRAOGO
(tabyam@hotmail.com)

mercredi 7 juillet 2010

du 07.08.2010 edition sidwaya

l'article du jour est de Hortence ZIDA

Hôpital moderne de 600 lits
Une médecine de pointe chez nous

Au cœur de ce quartier situé à la périphérie sud de la capitale burkinabè, un décor paradisiaque semble se détacher du cadre semi-urbain. En moins de deux ans, une infrastructure est sortie de terre par la magie de l’intelligence humaine, du béton et du fer. C’est le centre hospitalier moderne en construction à Ouagadougou pour accroître l’offre sanitaire. Et tout indique ici que rien n’a été négligé pour qu’il en soit ainsi.

L’architecture est futuriste, tout ce qu’il faut pour développer une médecine de pointe. Un hôpital pavillonnaire conçu pour 600 lits qui vont l’équiper, entre autres performances et commodités technologiques destinées à faire sa réputation.

« offrir une médecine de pointe pour le Burkina et les pays de la sous-région », se réjouit le Dr Emmanuel Zida, coordonnateur du projet. 60 millions de dollars, soit 30 milliards de francs CFA ont été mobilisés pour la construction et l’équipement du joyau.

Selon l’ancien directeur de la médecine hospitalière (devenue direction des hôpitaux publics), le Burkina n’a ménagé aucun effort pour faire de Tingandgo, dans la banlieue de Ouagadougou, un pool régional d’excellence en terme d’offre de services sanitaires. L‘homme est gestionnaire des services de santé et a porté le projet comme un bébé.

Un hôpital « top model »

On le croît sans effort quand il déclare avec fierté : « Cet hôpital se positionne pour être sous régional, par sa modernité, ses équipements, son organisation et la gestion que l’on compte mettre en place. Dans l’espace UMOA, il compte être une référence ». Le Burkina gagne ainsi une longueur d’avance dans un espace économique et monétaire ouest africain qui « actuellement, est en train de réfléchir à la création de centres d’excellence dans chaque pays ».

Et pour que l’hôpital cadre véritablement avec cette ambition et réponde aux aspirations de son principal initiateur, il a fallu faire le tour de certains hôpitaux de la sous-région et de la France. « Pour ce faire, nous avons visité les trois CHU d’Abidjan, le CHU d’Accra, et celui de Koumassi. En France, nous avons visité la Cabane Blanche à Brest, les CHU de Rennes, de Caen, l’hôpital européen Georges Pompidou qui était à l’époque en phase de finition.

A partir de cet instant, nous avons eu une idée de ce que pouvait être le prochain hôpital »
, témoigne le coordonnateur. Contrairement à bien d’autres, l’hôpital de 600 lits de Tingandgo n’a pas été construit en un bloc. Le modèle est pavillonnaire, ce qui veut dire que le complexe est fait d’une multitude de bâtiments : au total huit (8) pavillons d’hospitalisation. Parmi eux, se distingue ce compartiment que les concepteurs veulent spécial, pour la simple raison qu’il est dédié à une clientèle de luxe.

A l’instar des infrastructures hôtelières où chacun se loge selon ses moyens. Emmanuel Zida de donner dans la réclame : « Dans l’ensemble, le confort des chambres équivaut à celui d’hôtels de 2 à 3 étoiles. Il y a la télé, l’Internet, la climatisation. Il est prévu qu’il y ait un personnel dédié à vous, pour vous prendre convenablement en charge ». Voilà pour le côté confort.

Pour les exigences technologiques et les facteurs de compétitivité, le chef du chantier se fait tout aussi prolixe dans la description. Ce sera le royaume des Technologies de la communication (TIC), assure-t-il. Dans le projet initial, on avait rêvé de minimiser l’utilisation de la paperasse. Il faut faire des économies partout où c’est possible.

Mais « le niveau de développement de notre pays ne nous permet pas cela », regrette celui qui supervise toute la mise en oeuvre. Qu’à cela ne tienne, le système informatique sera utilisé au maximum, surtout que l’hôpital affiche l’ambition de communiquer amplement avec le monde extérieur, grâce à la télémédecine.

Autres caractéristiques du nouvel hôpital, son bloc spécial conçu pour la chirurgie cardiaque, son héliport qui permettra d’accueillir des malades en urgence de l’intérieur du pays ou de la sous-région.

Dans la traumatologie comme dans bien d’autres filières, le centre hospitalier de Tingandgo compte développer l’offre de services. C’est pour ce faire que l’établissement va être équipé d’une unité IRM. « En Afrique, ils ne sont pas très nombreux, les pays possédant cette technologie médicale qui permet de poser de bons diagnostics et de donner des soins appropriés », explique le coordonnateur du projet.

Incinérateur performant, service de buanderie tout aussi compétitif, ces dispositions comme tant d’autres sont prévues pour permettre à l’hôpital de jouer le rôle qui lui est assigné. « Il pourra desservir de nombreux hôpitaux de Ouagadougou et hors de Ouagadougou.

A la buanderie, on pourra nettoyer au quotidien entre 250 à 300 Kg de linge ». Dans le nouvel établissement, l’on veut œuvrer au maximum pour que les patients ne ramènent pas de germes nocifs chez eux à leur sortie. On voit là la batterie de précautions que le centre va s’obliger à observer pour lutter contre les infections nosocomiales. Chaque pensionnaire sera habillé de pied en cap par la maison durant son séjour. Dans le même souci, il n’aura pas à amener de draps de chez soi.

Pour lutter contre la pollution, rien n’a été négligé. La question environnementale a été particulièrement étudiée et prise en compte. L’on a aménagé des espaces verts et boisés. Ceux-ci seront combinés avec des espaces bitumés ou pavés, histoire de minimiser l’invasion de la poussière. Dans la même optique, tous les pavillons sont reliés par des couloirs protégés et bien aérés, des corridors qui permettent une circulation fluide et un transport adéquat des malades.

La rationalisation et la quête du savoir

Afin de permettre une bonne accessibilité aux personnes handicapées, rampes d’accès, toilettes et autres espaces de soins ont été conçus conformément aux normes. Le spirituel n’ayant pas été oublié, mosquées et églises trouvent leur place parmi les différents bâtiments. La mise en place d’une telle infrastructure permettra certainement au Burkina d’alléger considérablement sa facture due aux évacuations sanitaires.

Autant dire que cet hôpital contribuera à la rationalisation de la gestion et à la maîtrise des coûts. Chaque année, notre pays dépense plus d’un milliard de francs CFA pour évacuer (soit en Europe, soit en Afrique), des malades qui ne peuvent pas être pris en charge localement. On n’oubliera pas le non moins important. L’hôpital de Tingandgo se positionne comme un centre hospitalier universitaire moderne et d’excellence.

En son sein, il a été élevé un amphi de 200 places auquel s’ajoute une grande salle de conférence, pour donner corps au caractère universitaire de l’établissement. Le complexe compte également une grande bibliothèque, quatre salles de cours de 80 places chacune et une multitude de bureaux pour les scientifiques. Pour compléter le dispositif, il y a deux pavillons d’hébergement pour les internes.

A travers cette infrastructure, le Burkina a clairement affiché son souci de promouvoir la modernisation du système de santé. La prise en compte de ce facteur aura inspiré toute la dynamique de ce projet. C’est pour ce faire que la future équipe dirigeante se devra d’assurer une gestion efficace et durable des installations.

Le Burkina s’est attaché l’accompagnement du fournisseur d’équipement, une entreprise taïwanaise. C’est elle qui assure la formation du personnel affecté à l’usage et la maintenance des installations. Des techniciens ont été envoyés, à cet effet, se former à Taiwan.

Il ne reste plus qu’à attendre la mise en route de l’œuvre gigantesque. Mais auparavant, il faudra passer par une phase expérimentale de son fonctionnement. Celle-ci est prévue pour le début du mois de septembre prochain. Selon Dr Emmanuel Zida, l’hôpital commencera à tourner à cette date, mais sans patients.

Il s’agit, a-t-il expliqué, de permettre au personnel de s’initier, tester le matériel, huiler le circuit, pour le rôder avant le fonctionnement réel. Les mois de septembre, octobre, novembre et décembre seront, pour ainsi dire, consacrés à l’ouverture technique. Les premiers malades seront accueillis en janvier 2011.

Hortense ZIDA

mardi 27 avril 2010

Des concessions pleines d’eau.

La pluie qui s’est abattue sur la capitale burkinabè, ce 26 avril 2010, a fait des dégâts. Des maisons remplies d’eau, des zones inaccessibles, c’est le constat fait hier soir par notre équipe de reportage après la pluie dans les quartiers Wayalghin et Somgandé.

Des meubles, des bouteilles de gaz, des assiettes, des nattes, etc. flottant sur l’eau à l’intérieur des maisons pleines d’eau. C’est le spectacle désolant qu’il nous a été donné d’observer dans certains quartiers de Ouagadougou, ce lundi 26 avril 2010 après la pluie. Certains habitants du quartier Wayalghin (juste derrière l’ENAREF) ne diront pas le contraire.

En effet, des rues entières sont restées inaccessibles jusqu’à 21h à cause de la présence des eaux. "J’étais au service lorsque ma femme m’a appelé pour dire que la maison est remplie d’eau.

Lorsque je suis arrivé dans le quartier, je ne pouvais pas arriver chez moi, étant à moto", a laissé entendre Souleymane Damiba. Certes, pour les habitants de ce quartier, la pluie était forte, mais la situation dans laquelle ils se retrouvent est la résultante d’un entrepreneur.

"L’inondation de nos maisons est due au fait qu’un entrepreneur a déversé le sable et les débris d’une maison en reconstruction dans le six-mètre. Il a bloqué le passage de l’eau", a déclaré Drissa Millogo.

Selon ce dernier, l’eau atteignait presque la hauteur de 1 mètre. Wayalguin n’est pas la seule zone à être touchée. Somgandé, un autre quartier de la ville, a été en partie touché par les eaux, mettant du même coup ses populations dans des situations similaires à celles de Wayalghin. Des cours, des boutiques, des caniveaux ont essuyé le courroux des eaux.

Et selon le vieux Lassané Kiendrébéogo dont la maison est située à côté de la boulangerie Wend Konta, sa cour est en difficulté parce que "la station Oryx construite au bord de la voie en direction de Ziniaré a bouché complètement les caniveaux".

A Wayalghin, des "sinistrés du 26 avril" sont allés même solliciter la compréhension d’un ancien ministre, dont la cour a été inondée, de percer son mur pour leur permettre d’évacuer les eaux contenues dans leurs domiciles. La tension est montée lorsqu’il a refusé de céder à la requête de ceux-ci. Et selon cet ancien responsable, "trop c’est trop".

"Le 1er septembre, j’ai percé le mur de ma concession pour évacuer les eaux qui stationnaient à l’intérieur de leurs cours. Cette année, ils me demandent de faire la même chose. Qu’ils arrangent leurs cours", a-t-il conclu. Selon d’autres informations parvenues à notre rédaction, des cours ont été inondées également à Ouidi et dans certaines zones non-loties.

Steven Ozias

KIEMTORE kozozias@yahoo.fr

lundi 26 avril 2010

Edito du directeur genéral de sidwaya du lundi 26 avril 2010

Délestage, tolérance, adaptabilité



« L’impatience demande l’impossible », dit-on. Et c’est vrai qu’au début de la mise à exécution du programme de délestages, il y a de cela quelques années, nous étions tous impatients et nous le sommes toujours.

Car des dégâts, il y en a eu et il y en a ; difficile de conserver certains produits dits fragiles : laitiers, poisson, fruits de mer….retards de livraison accusés par certains promoteurs d’industries, retards de parution de journaux ; surcoûts pour les administrations publiques comme privées, pannes d’appareils dans les circuits de production comme dans les ménages….. A la suite de la plus brève coupure d’électricité, on piaffait de colère. On s’arrachait les cheveux : « Oh ! La SONAVILAINE ! ». Puis vient l’éblouissante nouvelle du 31 décembre 2009, date butoir à laquelle la "disette électrique" devrait être boutée hors du Burkina.

Nous avons attendu jusqu’au « 36 » et au-delà, rien ! Si les Burkinabè devraient continuer à s’arracher les cheveux pour cela, ils seraient tous devenus chauves. Solution ? Prendre la mauvaise et dure épreuve avec « philosophie », et s’en servir. Ainsi, beaucoup de choses se trament et se réalisent pendant les coupures d’électricité à Ouagadougou. Des plus « funs » aux plus sérieuses.

Entre l’Hôtel Silmandé et la MACO (suivez la ligne droite), une secte syncrétiste islamo-chrétienne avait élu domicile. A la collecte de l’information de la cité…, « nous » étions allés pour suivre une de ses célébrations. La quête avait été consistante, les paniers débordaient, presque, de pièces d’argent et de billets de banque. Une coupure d’électricité survint. Nous restâmes une heure dans le noir. Quand la lumière se fit, les paniers avaient disparu.

Il n’en fallait pas plus pour que le maître de cérémonie montât sur ses grands chevaux pour menacer en ces termes : « Vous que les ténèbres ont noircis et que la noirceur a enténébrés, où sont les paniers ? » L’heure se fit grave. Nous avions cru sage d’enfourcher notre Ninja blanche !Grâce au délestage, il y a des affaires qui ont prospéré et qui continuent de l’être. Ne sont point mécontents les vendeurs de groupes électrogènes ! ne sont point fâchés les loueurs de groupes électrogènes et autres produits de productions d’énergie ! Sont heureux les vendeurs de lampes électriques et ainsi de suite.

Il n’y a point à nier, les coupures provoquent d’importants dégâts ; on voudrait insister sur l’esprit de créativité, sur l’esprit d’auto-défense que les Burkinabè cultivent pour lutter contre le désagrément que créent les délestages. Il y en a qui pensent que cet état d’esprit conjugué au génie créateur de nos ingénieurs et chercheurs feraient naître incessamment des centrales solaires capables d’alimenter nos centres urbains et pourquoi pas s’interconnecter avec les réseaux des pays tempérés.

De l’énergie bon marché à la portée de tous induisant un développement puissant de nos villes et campagnes, vers le pays d’émergence qu’appellent de tous leurs vœux les dirigeants de ce pays. Mais, il reste une histoire. Entre la Patte-d’oie et Lanoayiri, une fillette avait l’habitude de conduire son grand-père aveugle. Surprises par une coupure d’électricité vers la fin de la saison des pluies, les deux personnes, ô combien fragiles, seraient tombées dans un caniveau constamment rempli d’eau usée.

Les Anciens disent : « Celui qui doit se pendre n’est jamais noyé ». Le contraire n’est pas moins vrai : « Celui qui doit se noyer n’est jamais pendu », fût-il avec ce que ne veut pas la SONABEL notamment ces accidents de la circulation et ces décès par suite d’interventions chirurgicales en nette augmentation. En tous les cas, il sied de travailler à faire en sorte que raconter de telles histoires, vraies ou fausses, ne soient pas un besoin chez quiconque… Car, il s’agit de drames humains. Vivement la fin des délestages. Bravo à l’esprit de tolérance et d’adaptabilité des Burkinabè

Par Ibrahiman SAKANDE

sakandeibrahiman@yahoo.fr

lundi 19 avril 2010

Mathieu Ouedraogo Directeur du groupe k2 ; « Accompagner les entreprises dans la mise en œuvre de solutions spécifiques et adaptées »

Le cabinet-conseil, « Afrique compétences » est une filiale du groupe Ki2 basé à Casablanca au Maroc. Spécialisée dans la formation opérationnelle continue et le conseil d’entreprise, cette structure est dirigée par le Burkinabè Mathieu Ouédraogo avec qui nous avons eu un entretien lors de son récent séjour à Ouagadougou.

Sidwaya (S.) : Une structure comme celle que vous dirigez, apporte concrètement quoi à une entreprise ?

Mathieu Ouédraogo (M.O.) : Une approche distinctive du management des organisations permet d’améliorer la maîtrise des techniques de gestion en agissant sur le comportement des personnes et des équipes. « Afrique compétences » accompagne les entreprises dans la mise en œuvre de solutions spécifiques et adaptées à leurs besoins de formation professionnelle opérationnelle continue et de conseil d’entreprise.

L’objectif étant que les hommes et les femmes de l’entreprise s’approprient les techniques et les outils développés et deviennent ainsi les acteurs de la compétitivité.

Dans une relation de partenariat gagnant-gagnant, les actions d’Afrique compétences permettent de mobiliser et de canaliser toutes les énergies de l’entreprise de sorte à pouvoir mieux répondre aux attentes des partenaires, tout en optimisant les coûts.

S. : Quelles sont vos domaines de formation et d’intervention ?

M.O. : Nous avons plusieurs possibilités dans les domaines suivants : la gestion des ressources humaines, le management, le marketing, les marchés publics, la gestion financière et comptable, la législation du travail, la gestion de projets et programmes, le secrétariat et la gouvernance d’entreprise.

S. : Quelles est la spécifité d’Afrique compétences ?

M.O. : Nous avons au sein de notre cabinet- conseil, une équipe pluridisciplinaire résolument portée sur la culture de l’excellence. Ce qui nous permet de concevoir des stratégies spécifiques et adaptées pour répondre aux préoccupations présentes de nos partenaires. Très flexible dans le choix de nos programmes, nous les aidons à adapter leur formation par rapport à leur calendrier de travail.

Avec des tarifs très étudiés, l’hébergement et le petit déjeuner durant le temps de la formation sont à la charge d’Afrique compétences. Et nos formations se déroulent au Maroc qui vous accueille à bras ouverts. C’est un pays qui permet de joindre l’utile à l’agréable. Tout en offrant un environnement économique exemplaire et une stabilité politique, le Maroc vous plonge dans un cadre touristique enchanteur.

S. : Qui sont vos partenaires ?

M.O. : Nous travaillons avec des entreprises publiques, privées ou parapubliques, des organisations non gouvernementales, des institutions internationales résidentes qui ont le souci d’assurer aux hommes et aux femmes de leurs structures, une formation continue et qui demandent des sessions sur mesure pour leurs cadres moyens et supérieurs. Afrique compétences offre aussi des services à des particuliers qui, à la différence des entreprises, financent leur formation à titre individuel.

La qualité de nos prestations notamment nos études, nos formations, nos choix stratégiques et nos activités de conseil entreprise font que ce cabinet est une référence en Afrique francophone. Afrique compétences tend résolument vers le rang de leader en matière de conseil et de formation professionnelle continue. Et sur ce chemin du leadership, nous entendons faire route ensemble avec nos partenaires.

Entretien réalisé par Tabyam OUEDRAOGO

dimanche 18 avril 2010

Société civile, démocratie et élections

Une société civile forte est la meilleure garantie d’une démocratie vigoureuse. Les organes de la société civile créent les conditions nécessaires au développement de la démocratie en garantissant des élections impartiales et en exigeant des élus la mise en œuvre des principes de bonne gouvernance.

L’expérience d’un passé récent confirme que des élections ne garantissent pas à elles seules un régime démocratique. On constate que les pays où les institutions de la société civile sont puissantes sont également ceux où les élections sont impartiales et les élus tenus à de véritables normes de gouvernance. Une comparaison des régimes réellement démocratiques et des pseudo-démocraties permet de constater que la société civile renforce la démocratie, et réciproquement.

L’exemple de l’Indonésie

Depuis le renversement du régime autoritaire de Suharto en 1998, l’Indonésie a connu quatre changements paisibles de gouvernement par les urnes, en 1999, 2001, 2004 et 2009. Les progrès accomplis par la démocratie durant cette période sont remarquables. Classée en 1997 au niveau 6 sur l’échelle mondiale des libertés politiques et civiles publiée par Freedom House (sept étant la note la plus défavorable), l’Indonésie a rejoint en 2009 les rangs des démocraties relativement libérales, avec une note de 2,5.

Une société civile dynamique et bien organisée a permis de maintenir l’adhésion des Indonésiens aux principes et attentes démocratiques, en dépit des craintes de conflit et de fractures politiques qui avaient apparu. L’impartialité des élections a été assurée par des groupes tels que le Forum de la démocratie, le Forum des présidents d’université et le Réseau universitaire pour des élections libres et impartiales. Mais, de manière tout aussi significative, d’autres institutions de la société civile ont imposé aux hommes et femmes politiques de respecter les règles de la démocratie, de tenir leurs promesses et de continuer à rendre compte aux électeurs entre les élections.

M. Hadi Soesastro, directeur du Centre d’études stratégiques et internationales de Djakarta, a indiqué en 2001 à une audience américaine que la démocratie nouvelle du pays était encore fragile, et qu’il existait un risque important de voir le processus s’inverser. Selon lui, la société civile indonésienne considérait alors que sa mission principale était de prévenir un tel revers. « C’est notre première priorité » a-t-il ainsi déclaré. Neuf années plus tard, la société civile indonésienne peut proclamer mission accomplie. Mme Hillary Clinton, Secrétaire d’État des États-Unis, a félicité les personnalités principales de la société civile indonésienne lors de son voyage à Djakarta en février 2009. Elle a noté leur contribution à l’établissement d’un pays tolérant et respectueux des principes de la démocratie et des droits de l’homme, en ajoutant : « Aux gens que je rencontre lors de mes voyages dans le monde entier, je vais pouvoir dire : allez en Indonésie si vous souhaitez voir si l’Islam, la démocratie, le monde moderne et les droits de la femme peuvent coexister ! »

Il est désormais bien connu que des élections ne suffisent pas à garantir une démocratie solide. C’est la raison pour laquelle les efforts de promotion et de soutien à la démocratie sont axés sur d’autres activités, du soutien à la société civile au renforcement du processus législatif. Mais les aspects électoraux et non électoraux de la démocratie sont interdépendants. On ne peut dissocier les uns des autres, et ils évoluent généralement de pair. Une société civile dynamique, bénéficiant du soutien d’une presse libre et d’autres organisations indépendantes, ne se contente pas de valider les résultats des élections en garantissant leur impartialité, leur légitimité et leur conformité aux règles du droit : elle assure également la bonne gouvernance après les élections, en exigeant des comptes du gouvernement et en imposant la transparence et le respect de la loi. Lors de ses discours de Moscou et d’Accra en 2009, le président américain Barack Obama a déclaré que le rôle de la société civile était de provoquer un changement démocratique selon une approche de la base vers le sommet. Comme il l’a précisé à Accra : « Il ne s’agit pas seulement d’organiser des élections - il faut voir ce qui se passe entre les scrutins. »

L’exemple de l’Éthiopie

L’Éthiopie est un autre exemple du processus de consolidation démocratique de la base vers le sommet. Le pays a tenu ses premières élections véritablement ouvertes en 2005, avec l’aide d’organisations de la société civile éthiopienne jusqu’alors intéressées principalement par les efforts d’aide humanitaire et de développement. Remettant pour la première fois en cause la domination absolue du Front Démocratique Révolutionnaire du Peuple Éthiopien (FDRPE), au pouvoir depuis dix ans, les partis d’opposition ont accru leur représentation à l’assemblée nationale en obtenant 173 sièges sur 547, alors qu’ils n’en détenaient que neuf précédemment. Des programmes d’éducation civique de la population avaient été déployés par des organisations de la société civiles telles que Fafen Development et le Vision Ethiopian Congress for Democracy, qui avaient également détaché des observateurs le jour des élections. Malgré cela, le régime a tenté de truquer les résultats, provoquant ainsi des manifestations suivies d’actions de répression dans la capitale, Addis-Abeba. Faisant front commun, les organisations de la société civile ont obligé le régime à accepter les résultats des urnes dans le cadre d’un pacte conclu en mai 2006. Les dirigeants de la société civile qui avaient été arrêtés ont été remis en liberté.

Depuis, les associations de la société civile maintiennent le FDRPE sous pression afin qu’il respecte les droits de l’opposition et gouverne par consensus plutôt que par contrainte. Un nouveau sens de la responsabilité s’est fait jour. En 2007, un ancien premier ministre et un ancien ministre de la défense ont été jugés et condamnés pour corruption, après les questions soulevées par les groupes de défense des droits civiques. En 2008, les efforts des associations de la société civile ont permis l’adoption d’une nouvelle loi sur les médias. Le parlement comptait désormais parmi ses membres des représentants de différentes tendances et de différents partis politiques. Interdisant la censure des médias privés par le gouvernement et la détention des journalistes, la nouvelle loi montre que la société civile et des élections libres se renforcent mutuellement. Comme l’a noté le président Obama dans son discours d’Accra : « Dans toute l’Afrique, nous avons vu de multiples exemples de gens qui prennent leur destinée en main et qui opèrent des changements à partir de la base. »

Autres exemples

Quatre pays anciennement communistes ont connu une révolution démocratique réussie entre 1998 et 2004 : la Géorgie, l’Ukraine, la Slovaquie et la Serbie. La société civile a joué un rôle similaire dans chaque cas. La mobilisation initiale de la société civile avait pour origine la recherche d’élections libres et impartiales. Des mouvements pour la liberté de vote dynamisent la société civile et l’orientent vers un rôle plus ouvertement politique dans les pays du monde entier où se poursuit la lutte pour la démocratie. On citera notamment les exemples des Philippines, du Ghana, de l’Iran et du Kénya.

Après les élections

Le rôle de la société civile se poursuit après les élections, même si celles-ci sont libres et impartiales. Son action est alors moins spectaculaire ou médiatisée, mais son impact sur la bonne gouvernance n’en est pas moins essentiel. La société civile lutte jour après jour pour obtenir l’abolition des lois répressives, dénoncer la corruption et assurer une représentation équitable des divers groupes, intérêts et idées. Elle met les gouvernements devant leurs responsabilités et fait son possible pour que les dirigeants continuent à respecter les règles de la démocratie. Comme l’a indiqué le président Obama au Caire en 2009 : « Il faut conserver le pouvoir par le consentement du peuple et non la coercition ; il faut respecter les droits des minorités et participer, dans un esprit de tolérance et de compromis ; il faut mettre les intérêts du peuple et le déroulement légitime du processus politique avant ceux de son parti. Sans ces ingrédients, les élections ne créent pas une vraie démocratie à elles seules. »

Professeur à l’université de Yale, Susan Rose-Ackerman a rappelé dans son ouvrage From Elections to Democracy, publié en 2005, les différents facteurs permettant d’assurer l’intégrité du processus politique. En conclusion, elle note que seule une société civile dynamique dispose des moyens de consolider la démocratie : « Les États issus de l’ancienne sphère socialiste et les démocraties en phase de consolidation dans le monde entier ont tout intérêt à favoriser la création d’institutions qui canalisent et organisent la participation des personnes et des groupes au processus politique. »

En l’absence de société civile

Les années récentes ont également été marquées par des exemples d’élections dans des pays où la société civile était absente. Les spécialistes ont décrit ces pays caractérisés par des élections plus ou moins libres et des sociétés civiles trop faibles ou insuffisamment développées pour engager la responsabilité du gouvernement. Les termes qui reviennent les plus fréquemment sont ceux de démocratie faible, démocratie sous contrôle, démocratie non libérale, ou d’autoritarisme compétitif. Ce phénomène aura été le plus évident dans des pays anciennement communistes où la révolution a échoué, par exemple en Biélorussie (2005) ou au Kirghizistan (2008). La société civile de ces pays est restée très dépendante à l’égard des pays donateurs et n’a qu’une présence minime en dehors des capitales. La population n’a donc pas suivi lorsque les militants de la société civile se sont mobilisés en formant des mouvements pour des élections libres. Une société civile superficielle ou faible a également permis à des régimes autoritaires issus des urnes de s’accrocher au pouvoir en Malaisie, en Russie et au Cambodge.

Le Vénézuéla constitue le contre exemple d’un pays où une société civile dynamique n’a pas su maintenir une démocratie libérale pourtant florissante, comme c’était le cas dans ce pays jusqu’à la fin des années 90. L’exemple du Vénézuéla, comme celui du Zimbabwé, nous rappelle que les forces qui agissent de la base vers le sommet sont parfois insuffisantes pour garantir la démocratie : les pressions internationales, le système judiciaire, les commissions électorales et les élites politiques ont tous un rôle à jouer pour protéger la démocratie. Et parfois, il est vrai, des élections à elles seules sont suffisantes pour créer le mouvement social permettant d’assurer la victoire.

Fort heureusement, la libéralisation du système politique crée sa propre dynamique. Une fois libérée, la société civile est difficile à contrôler. Le président Obama et la Secrétaire d’État Hillary Clinton soulignent à juste titre l’importance du rôle de la société civile dans la consolidation de la démocratie, durant les élections comme après. Tous deux souhaitent renforcer la société civile et la démocratie aux États-Unis. M. Obama incarne cette mission : ancien organisateur communautaire, le président de notre pays comprend parfaitement la relation étroite entre la société civile et la vraie démocratie.
Par Bruce Gilley.

Bruce Gilley enseigne à l’École des sciences politiques de la Hatfield School of Government, Université d’État de Portland (campus de Portland, Oregon). Il consacre ses travaux à la démocratie, à la légitimité politique et aux affaires politiques internationales, notamment en Asie. Bruce Gilley est l’auteur de « The Right to Rule : How States Win and Lose Legitimacy », publié en 2009, et « China’s Democratic Future », publié en 2004. Il est membre du comité éditorial du Journal of Democracy.



Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la politique du gouvernement des États-Unis.

(Diffusé par le Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat. Site Internet : http://www.america.gov/fr/)

mercredi 14 avril 2010

Mort suspecte d’une fillette de cinq ans

Une petite fille est décédée le 14 janvier 2010 dans des circonstances « suspectes » au Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) du secteur N°15 de Ouagadougou. Suite à ce triste événement, la deuxième concubine du père de la défunte (et son fils de 5 mois) a été arrêtée et déférée à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO).


Elle s’appelle M.O. Elle est née, selon son père, le 2 octobre 2005. Elle aurait eu cinq ans en 2010, si elle était en vie. Hélas, la petite est morte dans la nuit du 14 janvier 2010 au Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) du secteur 15 de Ouagadougou. Un témoin, proche de la famille de la défunte a affirmé que l’enfant et ses accompagnateurs sont arrivés à 22h15 ce 14 janvier au CSPS.

Nous n’avons pas été autorisés à jeter un « coup d’œil » dans le registre de consultation où sont mentionnés les entrées, les sorties et les décès…. Le chef de poste, l’infirmier, nous a confirmé le 13 février dernier que la petite y est arrivée effectivement dans la nuit du 14 janvier et placée immédiatement en urgences par le service de garde. Ce qui signifie que la patiente était entre la vie et la mort à son arrivée. Cependant il a reconnu qu’il n’a pas été témoin oculaire de l’arrivée de la petite.

Toutefois, l’infirmier a avoué qu’une autopsie n’a pas été réalisée sur le corps de l’enfant. Du reste, un CSPS ne dispose ni de la compétence humaine en la matière, ni du matériel technique approprié. Une autopsie est d’abord une exigence de tout citoyen qui en émet le souhait en s’adressant à l’autorité médico-administrative compétente. Mais l’infirmier a tout de même précisé qu’un certificat d’expertise médicale a été établi. Ce document médical a révélé la mort « suspecte » de l’enfant dont l’arrêt du battement du cœur, la respiration et le pouls aurait été constaté dès son admission aux urgences.

La petite avait cessé de vivre à son arrivée au dispensaire. L’accès au certificat d’expertise médicale nous a été refusé sous prétexte du secret médical. Un certificat de décès aurait pu nous éclairer davantage mais la famille de la victime tourmentée sans doute par ce malheureux événement n’a pas demandé qu’on lui établisse ce document. En définitive, la petite a été inhumée sans qu’on ne sache véritablement la ou les causes de son décès.

Par la suite, les choses se compliqueront. « Comme par hasard, un inconnu qui était de passage cette nuit au CSPS a posé plainte au commissariat de police de Bogodogo contre les parents de l’enfant décédée », a révélé l’infirmier chef de poste.

Mais une source proche de la famille nous a appris que la plainte proviendrait d’un magistrat qui, venu cette nuit-là au CSPS pour des soins, a été témoin du décès de la petite. Un autre informateur soutient plutôt que le décès de M.O. est parvenu à la police suite à la dénonciation d’un commerçant de petits ruminants (moutons, chèvres, cabris…) exerçant à la gare routière de Ouagainter. Sur ce sujet, les témoignages divergent. Mais qui donc a informé la police du décès de l’enfant ?

La plainte aurait-elle été formulée la même nuit, ou le lendemain de la mort de la fillette ? Mystère et boule de gomme. De toutes les façons, en suivant de près l’évolution extraordinaire de ce décès en passe de devenir une « affaire de meurtre », on se rend compte que de nombreuses zones d’ombre demeurent : D’abord, suite à la plainte formulée par cet « inconnu », l’infirmier a reçu une réquisition judiciaire de la police l’invitant à produire un certificat d’expertise médicale.

Ensuite, une enquête judiciaire a été ouverte afin d’établir les vrais mobiles de la mort de la fillette. Le père de la victime est né en 1982. Il vit à la Patte d’Oie au secteur 15 de Ouagadougou en concubinage avec une jeune fille du nom de M. K., 25 ans. M.K. est la toute première copine de H.O.. De leur liaison, est née la petite dont la mort survenue le 14 janvier suscite toujours tant d’interrogations.

Le jeune homme a soutenu que son amour avec cette dernière a duré à peu près trois ans. Malheureusement ils se sont séparés depuis longtemps. En partant, elle a « abandonné » sa fille à son copain. Obligé de se débrouiller, H. O. était régulièrement absent de la maison laissant ainsi l’enfant aux petits soins de ses proches. Et la vie a poursuivi son cours… Quelques années plus tard, le même H.O. fait la connaissance d’une nouvelle fille. Elle s’appelle M. S., 24 ans.

Elle deviendra donc la deuxième concubine du jeune homme. Ces deux tourtereaux vivaient toujours en ensemble jusqu’au jour où la police les a séparés. H.O. et M. S. ont eu aussi un enfant du nom de R.O., né en octobre 2009. Il a moins de cinq mois et vit aujourd’hui avec sa mère en prison. H.O., le père ; M. S. et son fils ; et la défunte M.O., l’enfant de la première, ont partagé longtemps ensemble le même « studio » dans la cour familiale.

Outre son enfant, M.S. a eu à prendre en charge l’ « éducation » de la petite. M.K. et M.S., les deux concubines aveuglées par la jalousie, se détestaient. Les visites que la première souhaitait rendre à sa fille lui sont refusées par la deuxième avec la complicité passive de la famille de H.O. La petite, alors maladive, va se retrouver au centre d’un affrontement entre les deux concubines de son père.

Meurtre ou règlement de comptes ?

Dans la nuit du 14 janvier 2010, M.S., serait sortie brusquement de la maisonnette en appelant au secours. Les témoignages recueillis dans l’entourage de la famille ont révélé que cette dernière, dans son appel au secours, a déclaré l’enfant de la première concubine dont elle avait la charge, morte. Un homme d’un âge avancé dit avoir cru, lui, plutôt à un évanouissement de la petite cette nuit-là. Certains voisins ont confié que M.S. aurait assommé la victime à coups d’on ne sait quoi.

D’autres ont avancé qu’elle aurait étouffé l’enfant. Des voisins et des membres de la famille de H.O. disent avoir été témoins de cet incident survenu à l’absence de H.O. qui savait l’état de santé de son enfant assez détérioré. En effet, avant de quitter le domicile ce 14 janvier, H.O. est allé acheter des médicaments de toux dans une pharmacie du quartier (voir photo). Toutefois, un agent de santé nous a rassuré que ces médicaments ne sont pas « dangereux ». Mais il s’est trouvé que ces produits n’ont pu guère soulager l’enfant très mal en point si bien qu’elle a été conduite au CSPS dans la même nuit.

Alors, M.O. était-elle déjà morte en arrivant au CSPS ? En tous les cas, elle y est ressortie décédée. Elle a été d’ailleurs inhumée le lendemain 15 janvier au cimetière de Karpalla. Les témoignages font ressortir qu’après l’inhumation, M.K., la mère de la victime a accusé le 16 janvier dernier, M.S. d’être l’auteur de la mort de sa fille.

M.S. et son enfant à la MACO

Conduits par M.N.C., des policiers du commissariat de Bogodogo se seraient rendus le 18 janvier au domicile de la deuxième concubine. En effet, avisée par sa maman à l’arrivée de la police, M.S. a été aussitôt embarquée avec son enfant dès qu’elle s’est présentée à la porte. « Les policiers sont arrivés un matin alors que nous portions le deuil de la fillette.

Ils ont demandé à parler à ma fille M.S. qui, elle-même malade, avait rejoint la maison pour continuer sa convalescence. Dès qu’elle s’est présentée à la police, elle a été aussitôt empoignée », a expliqué, les larmes aux yeux, A.S., la mère de M.S. M.S. et son enfant auraient été gardés au commissariat de Bogodogo du 18 au 21 janvier 2010, date de leur dépôt à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO).

L’enfant est présentement sous allaitement maternel. Nous avons rencontré « Nabiga » le 27 janvier à la gare routière de Ouagarinter pour échanger avec lui sur cette « mort suspecte ». L’entretien a tourné court car il s’est passé dans une atmosphère très hostile. Notre interlocuteur nous a renvoyé « voir » le policier ayant diligenté l’« enquête ».

Quand nous nous sommes rendus à la police, nous avons été « gentiment » renvoyé aussi vers le procureur qui, prétextant le secret judiciaire, n’a voulu donner aucune information sur la mort de M.O. Toutefois, le procureur nous a confirmé le 15 février, l’effectivité de leur détention. En tous les cas, les témoignages recueillis le 17 février au domicile de la maman de la deuxième concubine ont affirmé que M.S. et son fils ont été conduits le 18 janvier dernier à la police de Bogodogo. De nombreuses personnes dans l’entourage du père de la défunte, et H.O. lui-même ont été auditionnées par la suite.

Le 16 février une juge d’instruction a entendu H.O. sur « l’affaire M.S. inculpée de meurtre » (voir encadré). L’ouverture de cette information judiciaire fait suite au PV (Procès Verbal) N°201-018 du commissariat de police de Bogodogo dressé au vu du rapport d’expertise médicale du CSPS. Que reproche-t-on à la deuxième concubine de H.O. ? Et de quoi est morte la fillette de cinq ans ?

A ces questions, ni le procureur du Faso, ni la police, ni l’infirmier n’ont voulu nous éclairer davantage. Quant à A.S., la mère de la détenue, elle a confié que sa fille est inculpée de « meurtre » et qu’on attend d’elle qu’elle reconnaisse les faits. La « vieille » dit s’être rendue par deux fois à la MACO pour voir sa fille et son petit-fils. Selon toujours la vieille et le jeune homme lui-même, M.S. serait actuellement malade et s’évanouirait fréquemment à la MACO.

H.O. qui dit détenir les informations à partir des appels de la garde de sécurité pénitentiaire, a confirmé que sa copine y a perdu connaissance le 21 janvier dernier. Comme s’il voulait nous rassurer, il nous a montré un numéro d’un appel reçu le 26 janvier l’invitant à passer à la MACO pour des ordonnances destinées aux soins de sa copine.


Idrissa NOGO des Editions Sidwaya.
idrissanogo@yahoo.fr

mercredi 7 avril 2010

Le cône d'épandage de Mihity en péril



Le cône d’épandage, à Mihity, dans la commune rurale de Banh, province de Lorum subit actuellement, une colonisation sans précédent. Des familles entières ont délibérément pris l’initiative de s’installer dans cette réserve naturelle de portée internationale pour des pratiques agricoles. Malgré les injonctions, elles ne démordent pas. Progressivement, ce gros poumon écologique de 10 003 hectares est déchiqueté.
Ces assauts répétés contre les terres fertiles mettent en péril l’équilibre de l’écosystème, ainsi que les oiseaux migrateurs en provenance du Delta du Niger et des zones froides de l’hémisphère Nord. Pourtant, le cône d’épandage de Banh est une escale agréable pour ces animaux en quête de fraîcheur, d’humidité et de lieu propice de ponte.
En 1998-1999, des observations ornithologiques effectuées par l’Institut national de l’environnement et de la recherche agronomique (INERA) y ont dénombré cent vingt quatre (124) espèces d’oiseaux appartenant à 39 familles dont 24 européennes parmi lesquelles des rapaces tels des cigognes, des ombrettes …
Logée dans une zone reconnue très aride, le cône d’épandage de Banh, inscrit le 7 octobre 2009 à la Convention « Ramsar », a une grande valeur environnementale, scientifique et économique. « Ce site est caractérisé par un contour polymorphe et à la fois changeant dans l’espace en fonction de l’importance des inondations. Elle représente une lame d’eau en hivernage.
La lame d’eau disparaît dès le début de la saison sèche par infiltration », relèvent les études réalisées par Pr François de Charles Ouédraogo du département de géographie à l’Université de Ouagadougou. Cette zone constitue, à la porte du Ssahel, une formation végétale de forêt sèche dominée par des épineux et des combrétacées très denses.
C’est une véritable zone de pâturage pour le cheptel et un refuge pour la faune sauvage. « Dans cette zone sahélienne où le potentiel eau, sol et végétation fait partie des préoccupations essentielles des populations, le cône d’épandage est au cœur de notre plan communal de développement », soutient Boukary Barry, maire de la commune rurale de Banh.
Malgré tout, cette enclave écologique ne bénéficie pas de toutes les attentions. Elle est constamment violée. En plein cœur, des surfaces emblavées se multiplient. Si rien n’est entrepris pour limiter les dégâts, ce sera l’asphyxie programmée de cette zone pourtant inscrite « Site Ramsar », du nom de cette ville iranienne où a été adoptée le 2 février 1971, « La Convention sur les zones humides d’importance internationale » en vigueur depuis 1975.
Ce traité intergouvernemental qui sert de cadre à l’action nationale et à la coopération internationale pour la conservation et l’utilisation rationnelle des zones humides et de leurs ressources a été ratifié le 7 octobre 2009 par le parlement burkinabè. Il se fonde sur la préoccupation des Organisations non gouvernementales (ONG) et des Etats devant la perte et la dégradation croissantes des zones humides qui servaient d’habitats aux oiseaux migrateurs.
C’est le seul traité mondial du domaine de l’environnement qui porte sur un écosystème particulier et les pays membres de la Convention couvrent toutes les régions géographiques de la planète dont le « Cône d’épandage de Banh ». A ce jour, le Burkina Faso a terminé la procédure d’inscription de douze (12) nouveaux « Sites Ramsar » d’intérêt extraordinaire répartis entre les régions du Sahel, du Nord, des Cascades, du Sud-Ouest, du Centre et de l’Est.
Ces endroits comprenant des lacs naturels et artificiels, ainsi que des cours d’eau permanents et saisonniers. Ils représentent un large éventail de types d’écosystèmes extrêmement importants pour la faune sauvage de la région et pour la stabilité hydrologique, climatique. Les nouveaux sites rejoignent dans le cadre de la préservation des écosystèmes, la Mare aux hippopotames, la Mare d’Ourcy et le Parc national du « W » inscrits en 1990 et portant le total national de « Ramsar » à quinze (15) sites de 652 502 hectares (ha).
Une violation sans crainte, sans regret
Le cône d’épandage de Banh qui devrait bénéficier d’une protection totale semble être abandonné aux aspirations culturales des paysans. A Mihity, à 25 kilomètres de Banh, à la frontière du Mali limitant le site dans sa partie ouest, la convention de Ramsar est mise à rude épreuve.
L’exploitation abusive des ressources forestières par un groupe d’hommes inquiète producteurs, éleveurs et écologistes. Venus du village voisin de Sobangouma à environ 5 km de la frontière, une famille entière se livre en toute impunité et en toute passivité à une défriche anarchique des bordures des mares. « J’étais dans un village au Mali.
Après des incompréhensions avec le chef, j’ai décidé de retourner sur les terres de mes ancêtres. Ici, je cultive du riz dans le bas-fond pour assurer la survie de ma progéniture. Mais les Peulhs ne veulent pas me voir », explique le chef de famille. Il n’a pas trouvé mieux pour assurer sa subsistance que de s’attaquer à un espace protégé accueillant des espèces animales et végétales rares. Déjà cinq (5) ha de la zone qui sont défrichés en pleine forêt depuis la saison agricole de 2008.
Le mutisme observé face à cette colonisation pourrait engendrer l’arrivée d’autres familles. Bien qu’elle suscite le mécontentement des populations riveraines de Mihity, Tchabwal, Niongono, Bani, Nongdoum qui ont traditionnellement en commun le partage des ressources fauniques, halieutiques et forestières du cône.
« Personne ne cultive dans cette zone. Les Bellas qui y résident se déplacent sur le flanc gauche pour des activités agricoles. », rassure le maire Barry. Et d’exprimer ce bras de fer : « Nous avons proposé à la famille exploitant les cinq hectares une autre zone agricole mais elle a refusé cette offre et reste campée sur sa position. Pour elle, c’est la terre appartenant à ses aïeux, et pour rien au monde, elle ne quittera ».
Face à cet entêtement pour libérer un lieu nourrissant leurs bêtes, les éleveurs interdisent à la famille en question l’accès au forage de la localité et lui lance un ultimatum pour évacuer. Mais le chef de famille s’en moque et entreprend de creuser un puits. En juin 2009, la tension monte entre les deux groupes obligeant l’autorité administrative à prendre des mesures conservatoires.
Elles marquent l’arrêt en l’état des défriches en attendant une solution définitive et autorise l’accès à l’eau potable de la famille mise en cause. Les deux parties s’engagent au respect des clauses conclues sous la houlette du gouverneur de la région du Nord. Mais l’affaire prend des connotations ethniques dans laquelle le pouvoir coutumier semble fortement sollicité.
D’un côté, la chefferie coutumière peulh de Banh et de Sobangouma au Mali pour les éleveurs, de l’autre, le Yatenga-Naaba, à qui la famille exploitant la zone interdite s’en remet. Malgré les mises en garde, elle persiste et poursuit les défriches. Pire, dans la zone, il y a un regain d’activité agricole. Une politique de colonisation progressive des lieux est en train de s’installer. De la seule famille en 2008, une quarantaine de personnes occupent aujourd’hui le site.
La pratique des cultures sur brûlis confirme l’intention d’une installation définitive. Une augmentation des superficies emblavées est à craindre. Les conséquences seront énormes : dévastation de la flore, disparition de la faune, bouleversement de l’écosystème. Et c’en sera fini pour le cône d’épandage de Banh déjà en proie aux effets des changements climatiques.
La réduction de la biomasse sous l’effet d’un climat de plus en plus capricieux et le prélèvement humain anarchique nuisent l’existence de la biodiversité de ce site singulier en milieu sahélien. Si ce phénomène se conjugue à des activités agricoles incontrôlées, c’est la catastrophe.
La disparition progressive de la forêt marquée par la mort de grands arbres séculaires, du couvert herbacé et l’absence de signe de régénération est bien réelle. Les oiseaux migrateurs sont confrontés à la modification de l’écosystème due à la péjoration climatique et à la pression anthropozoogène.
Sous l’effet de l’ensablement progressif des mares, l’on assiste à un rétrécissement et à un déplacement du cône d’épandage d’Est vers l’Ouest. Les défriches incontrôlées et anarchiques suite à l’installation progressive des populations venant de Banh et de Sobangouma risquent à coup sûr, d’achever cette réserve naturelle dont la renommée dépasse les frontières du pays. Cette richesse naturelle aux portes du Sahel est bien en péril.

Abdoul Salam OUARMA

lundi 5 avril 2010

Flic d'un nouveau genre.


Motocyclistes et automobilistes
respectent les consignes
des nouveaux
« flics »
d’un autre genre .
Ces vendeurs de cartes de recharges téléphniques aux feux tricolores de la ville de ouaga se sont transformés en citoyens gestionnaire de la circulation routière; avec ces temps de délestages et de coupures d'éléctricité. Ils reglèmentent en effet la circulation pour éviter les accidents au niveaux des croisements ou ils vendent d'habitude leurs cartes. "ce sont nos clients. Sans les feux un accidents est vite arrivé et nous aussi nous perdont. laors pourkoi ne pas aider la police qui ne peut pas tout faire nous a confier Abdoulaye." Et les flics de se demander pourkoi ces collègues d'un autre genre ont leurs consignes respectées plus que eux même commis d'habitude et officielement à cette tâche.

par tabyam ouedraogo.

jeudi 1 avril 2010

GBAGBO à BOBO


Le Président ivoirien Laurent GBAGBO a effectué le jeudi 1er avril 2010 une visite de quelques heures à Bobo-Dioulasso, pour évoquer une fois de plus la crise en Côte d’Ivoire avec le facilitateur Blaise COMPAORE. « Nous avons eu ces mois-ci, une crise dans la sortie de crise et donc avant de reprendre la route, il était bon que je rencontre le facilitateur, qu’on fasse le point de la crise, qu’on fasse le point de ce qu’il nous reste à faire, et qu’on reparte du bon pied », a confié le Président GBAGBO à la presse. Il a par ailleurs précisé que la liste électorale, la réunification et le désarmement ne sont pas des points contradictoires.
« La liste électorale était prévue avant même que la liste ne soit établie. Il y avait un croisement informatique, il faut maintenant un croisement humain. C’est ce que nous allons faire et puis nous allons en même temps faire ce qu’on appelle la réunification du pays qui comprend beaucoup de choses. Le déploiement des postes de douane, des militaires et de l’administration préfectorale. On va repartir de bon pied », a-t-il aussi rassuré.
Le Président du Faso, Blaise COMPAORE, facilitateur dans la crise en Côte d’Ivoire a pour sa part indiqué que le Président GBAGBO lui a renouvelé a la fois sa confiance et dit sa disponibilité à faire aboutir le processus. « Hier j’étais avec le Premier ministre SORO et je crois que les parties signataires de l’accord politique sont pleinement engagées aujourd’hui, dans les deux directions à savoir finaliser la liste électorale et assurer une réunification totale du pays pour créer les meilleures conditions possibles pour que les élections se déroulent de façon apaisée et surtout dans la transparence » a déclaré le Président COMPAORE . Pour le facilitateur, « on ne peut pas travailler aujourd’hui sur les listes sans tenir compte des retards enregistrés. Donc il faut voir comment mettre tout cela en harmonie de façon à ce que dans un délai aussi proche que possible, nous puissions réussir à réaliser tous ces actes qui vont concourir à faire en sorte que sur ces deux grandes questions majeures, il n’y ait plus de doute au niveau des Ivoiriens ».
Blaise COMPAORE a enfin souhaité que dans les semaines à venir on puisse avoir beaucoup de lisibilité et de clarté sur ces deux questions majeures pour les parties engagées, mais surtout pour la Côte d’Ivoire et pour la communauté internationale.

mercredi 17 mars 2010

la morale agonise au faso

La morale agonise au Faso a dit l’élu. Donc la fin justifie les moyens dans un contexte ou l’homme politique a besoin d’argent pour financer sa carrière.


Il existe de nos jours une nouvelle race de serviteurs de la nation, pressée de se servir de la politique pour se servir. La politique pour eux est un moyen rapide de mobilité socio-économique. Ils mêlent affaires et politique de manière systématique. Leurs réussites politiques semblent se doubler de fructueux avantages privés. Pour ces fonctionnaires, la politique fait fructifier l’économie. Leur fortune dépend donc énormément de leur accession à un poste important dans l’administration ou la politique.

En contact avec une entreprise pour la réalisation d’un marché public ces cadres sont tentés de lui demander de passer à leurs domiciles pour quelques travaux. Le hic c’est que ces cadres ne veulent pas forcément de factures et quand bien même ils la réclameraient que l’entrepreneur oublierait de la leur envoyer.

Aussi ils se susurrent que les occupants de certains postes reçoivent deux clefs et un numéro dès le lendemain de leur nomination.

La clef d’une voiture luxueuse, une deuxième d’une villa et le numéro est celui d’un compte bancaire alimenté régulièrement. Vraies ou fausses affirmations ? Il faut être nommé à ces postes pour avoir le cœur net.

Reste un triste constat ! Moins de deux mois après leurs nominations à des postes de responsabilité, certains hauts fonctionnaires se retrouvent avec trois voitures à domicile: celle affectée aux besoins de madame est la même qui sert à amener les enfants à l’école. Une deuxième est utilisée pour les virées nocturnes en ville, et fait office de taxi pour la maîtresse. La dernière un véhicule 4x4 tout terrain de préférence permet de joindre l’intérieur du pays. Le système politique burkinabè à l’image de toute démocratie tire sa légitimité de règles préétablies.

N’en déplaise à certains toute démocratie est fondée sur un ensemble de valeurs plus ou moins complexes qui la soutiennent. Et Giovanni SARTORI dans sa théorie de la démocratie a affirmé que « politique et éthique ne sont ni identiques ni isolées l’une de l’autre dans des compartiments étanches ». La violation des valeurs morales fragilisent donc la légitimité des élus et partant celle de la démocratie burkinabè. Là ou la corruption est de mise, le lien de confiance entre électeurs et élites(ou élus)se rompt. C’est pourquoi prétendre que la corruption est un phénomène secondaire au Faso, ou que c’est un mal inévitable- à combattre tout en sachant qu’il est impossible de l’éradiquer- est une attitude cynique.

Certes aucun pays au monde n’est entièrement exempt de corruption. Mais là ou l’intérêt public se distingue des intérêts privés ; là ou le principe de la division entre sphère politique et sphère marchande est établi, la corruption se doit d’être considérée comme une pathologie donc nécessitant un traitement préventif et curatif. N’est ce pas le cas au Burkina ?

Le mal est connu. Même si les pratiques sont variées et les méthodes utilisées discrètes et sécrètes. Dans son sens originaire la corruption est toute altération d’un état premier considéré comme pur ou idéal. D’une manière plus flexible l’on peut considérer tout échange entre deux marchés clandestins comme de la corruption. Cet échange permet à des acteurs privés d’avoir accès à des ressources publiques de manière biaisée et leur procure des bénéfices matériels ou financiers. Et les dits marchés classifiés en politico-administratifs et socio-économiques. Tant qu’il y’aura des individus disponibles pour ces types d’échanges clandestins, la corruption ne peut que se développer. De plus les informations sur les cas de corruption proviennent en général de la rumeur pour les cas d’enrichissement personnel et de la presse qui use le plus souvent du conditionnel pour révéler les faits. Il se susurre que…selon des indiscrétions il y aurait eu détournement dans … Enfin l’autre arme de lutte contre la corruption c’est la justice. Il se trouve que l’institution judiciaire elle-même est rongée par ce mal.

Une certitude demeure pourtant. Délit d’apparence ou pas on peut affirmer avec l’honorable Laurent BADO qu’il est malsain de prétendre que certaines situations ne relèvent pas de la corruption. Car quoi que l’on dise, sous nos tropiques trois situations permettent à une personne d’accéder à la richesse : le travail, la chance ( par l’héritage ou par les jeux de hasard) , et le vol. Malheureusement il se trouve que le travail ne conduit pas qu’à la richesse et il n’est pas donné à tout le monde d’avoir de la chance. C’est peut être ce qui explique que beaucoup préfère atteindre le sommet sans efforts.

tabyam ouedraogo
tel 00226 71996030

Silence coupable ou impuissance ?

Les Bukinabè consomment de plus en plus de gaz butane. Une consommation qui croît chaque année de manière importante occasionnant par moment des poches de pénuries. Au-delà, une pratique a pris de l’ampleur depuis quelques années au point de constituer de nos jours un obstacle à l’essor du secteur du gaz butane au Burkina Faso : la vente illicite des bouteilles.
Se procurer une bouteille de gaz vide est aussi aisé que s’acheter une baguette de pain dans la ville de Ouagadougou. Il suffit pour ce faire de se rendre dans n’importe quel coin de rue et vous trouverez des commerçants vendant des bouteilles de gaz butane vides ou parfois pleines, toutes marques confondues.
 Cette vente de bouteilles vides est pourtant illégale selon les textes portant organisation de la concurrence au Burkina Faso. Selon l’arrêté n°02-45 du 3 juin 2002, les bouteilles de gaz sont la propriété privée des distributeurs et ne peuvent par conséquent être vendu par une tierce personne. En effet, étant responsables tant du point de vue de la sécurité que du point de vue de la propriété des différentes marques de bouteilles agréées, les distributeurs sont en principe seuls habilités à consigner les bouteilles.
Du reste, les taux de consigne qui sont fixés par Arrêté du Ministre du Commerce (Arrêté n°02-45/MCPEA/SG du 3 juin 2002 et son additif du 09 août 2002) sont les suivants pour les bouteilles couramment utilisées : bouteille de 2 ,75 Kg : 9 000 F. CFA bouteille de 6 Kg : 13 500 F. CFA bouteille de 10,8 Kg : 16 000 F. CFA bouteille de 12,5 Kg : 16 500 F. CFA

Aussi, toute personne qui voudrait se procurer une bouteille vide devrait s’adresser exclusivement à un distributeur ou à son mandataire (revendeur agréé). De même, tout consommateur peut changer de marque ou restituer sa bouteille par exemple et récupérer son argent (déconsigne). Exactement comme cela se fait lorsqu’on se rend à la cave pour se procurer une caisse de bière (on se présente avec des bouteilles vides en échange de bouteilles pleines ou on consigne les bouteilles).
Malheureusement, les dispositions ci-dessus sont méconnues des consommateurs qui achètent ainsi plus cher les bouteilles avec les commerçants aux abords des rues, encourageant par la même occasion, à leur corps défendant, la vente illicite des bouteilles. Une autre conséquence de cette situation est la recrudescence des vols de bouteilles chez les revendeurs et dans les domiciles dans la mesure où la bouteille a une valeur marchande importante. Les distributeurs également ne sont pas moins lésés par la vente illicite des bouteilles.

En effet, il semblerait que les prix de revient des bouteilles qu’ils importent sont supérieurs à leurs taux de consigne. Malgré cela, ils sont tenus de se conformer strictement à la réglementation en matière de consigne. En revanche, les commerçants aux abords des rues ne respectent pas cette réglementation et vendent les bouteilles (dont ils ne sont pas du reste propriétaires) à des prix nettement plus élevés que les taux homologués. Ce qui constitue un frein à la vulgarisation du gaz butane dans la mesure où ces taux homologués ne bénéficient pas aux consommateurs.
Pourtant, l’arrêté n°00-58 MCIA/SG/IGAE du 8 septembre 2000 portant interchangeabilité des bouteilles soulignait en son article 2 ceci : « Les distributeurs de gaz butane sont et demeurent responsables tant du point de vue de la sécurité que du point de vue de la propriété des différentes marques d’emballages qu’ils ont introduites sur le marché burkinabè » .Cela signifie clairement qu’en cas de problème ou d’accident grave survenu à cause d’une bouteille, le distributeur dont la marque est concernée devrait répondre . Cela signifie également que pour être distributeur de gaz butane au Burkina Faso, l’on doit également importer ses propres bouteilles et y porter sa marque.

Ce qui a l’avantage à la fois de responsabiliser les distributeurs et de les mettre à l’abri de toute concurrence déloyale. C’est dans le même esprit qu’a été mis fin à l’interchangeabilité des bouteilles. Cette disposition, selon les partisans de l’interchangeabilité des bouteilles demande un effort supplémentaire au consommateur puisse qu’il doit forcement se rendre chez le revendeur qui dispose de la même marque que lui pour s’approvisionner en gaz butane. Cependant il y a un risque de désorganisation du secteur qui, à la longue ne profiterait pas au consommateur. En effet si les distributeurs sont affaiblis par la fraude et la concurrence déloyale, cela peut déstabiliser le secteur et partant, porter un coup à l’économie nationale en termes de baisse de revenus de l’Etat (impôts) et d’augmentation du taux de chômage. En dernier ressort, c’est le consommateur qui en pâtirait le plus. Le respect des textes régissant le secteur du gaz incombe selon l’arrêté n°02-45 du 3 juin 2002, à la direction générale du commerce et à l’Inspection générale des affaires économiques (IGEAE). Malheureusement jusqu’à présent on ne voit aucune action concrète entreprise par ces structures pour endiguer le phénomène de la vente illicite des bouteilles.
Est-ce un silence coupable ou tout simplement une impuissance de ces structures face à la situation ? Il est difficile de répondre à cette question. En attendant, le phénomène prend des proportions inquiétantes avec l’entrée dans le pays des bouteilles de gaz « France au revoir ».
Toute chose qui risque de mettre en péril la politique actuelle de l’Etat qui est de rendre le gaz accessible au plus grand nombre de citoyens. Au regard de ces enjeux, l’Inspection générale des affaires économiques, malgré les moyens modestes dont elle dispose doit briser le silence et mettre un peu d’ordre dans le secteur. Cela éviterait qu’on la taxe de complice des réseaux de distribution parallèles. Les distributeurs ont également leur partition à jouer. En effet, étant donné qu’il s’agit de leur survie, ils devraient unir leurs forces pour mener des campagnes de sensibilisation des consommateurs sur les conséquences préjudiciables de la vente illicite des bouteilles. Des mesures d’accompagnement comme la multiplication des points de vente agréés pourraient également s’avérer salutaires.

Fatouma Sophie Ouattara

mardi 16 mars 2010

Les ménagères transforment leur fardeau en flambeau

mardi 16 mars 2010

Faire régulièrement la cuisine pour la famille est une préoccupation pour les femmes déjà affectées à d’autres tâches domestiques. Mais des dames ont décidé de « cuisiner » pour la ville, voire le monde entier, réussissant du même coup à transformer la préoccupation en occupation lucrative. Les artisanes alimentaires inaugurent chaque jour le lever du soleil à Ouagadougou et dans les principales villes du pays. Le remue-ménage du petit matin dans la capitale est un concert de pas et d’ustensiles des femmes qui apprêtent le riz, le haricot, la bouillie, les galettes et les gâteaux qu’elles vendront aux passants dans les heures qui suivent.

Au même moment et toujours dans la pénombre du jour naissant s’affairent les artisanes du dolo, la bière locale brassée selon une technique millénaire.

Puis, juste un peu plus tard, les vendeuses de soumbala, de beurre de karité et d’autres produits de cuisine, quittent leurs domiciles et prennent place dans les marchés et yares. Par tradition, la cuisine est une affaire de femmes aux Pays des Hommes intègres. L’artisanat qui en a découlé reste encore de nos jours une activité de survie pour nombre d’entre elles. Mme Marie-Thérèse Zongo née Somda est mère de trois enfants, elle habite à Pissy. Ménagère, elle vend aussi des galettes il y a une vingtaine d’années, depuis son mariage dit-elle. Installée au bord de la RN1 actuellement en réfection, Mme Zongo explique qu’elle se lève très tôt pour profiter des premiers passants du matin, avant que ces concurrentes établies non loin, n’arrivent à leur tour. Elle ressort le soir, pour des recettes totales journalières d’environ 4 mille francs « quand ça marche ». Avec ses enfants tous scolarisés, elle avoue faire de son mieux. « Je dépense mon argent pour le savon, la popote, l’habillement des enfants, leur argent de poche…dit-elle. L’argent de son travail ne suffit pas à faire face à ses besoins, ainsi qu’elle le reconnaît : « on ne peut pas réussir avec tout ça ». Elle s’était retrouvée à la case-départ c’est-à-dire sans le capital de son activité, après s’être remise d’un panaris de la main gauche. C’est avec l’aide d’une parente qu’elle a repris son activité à l’allure vacillante. L’on ne dispose pas de chiffres sur les femmes qui vivent de l’artisanat alimentaire. L’on sait seulement que l’artisanat de façon générale couvre 9 corporations, 110 métiers. Il représente 20% du PIB et constitue le deuxième secteur pourvoyeur d’emplois juste après l’agriculture et l’élevage.

Le gouvernement, des partenaires au développement et de nombreuses ONG ont alors travaillé au développement de ce secteur en offrant des formations aux femmes réunies en groupements.

La coopération autrichienne a particulièrement apporté son soutien au Programme d’appui à l’Artisanat dans l’Ouest du Burkina (PARTOU) et au Projet d’appui aux micros et petites entreprises artisanales (PERCOMM). Il y a aussi le programme Promotion de l’artisanat au Burkina (PAB) soutenu par la Coopération suisse et le Projet d’appui aux micro- entreprises rurales (PAMER) appuyé par le Fonds international pour le développement en Afrique (FIDA).

L’Etat lui-même a mis en place la Commission nationale de promotion de l’artisanat fonctionnelle depuis 1995 et la Concertation des institutions d’appui aux artisans et aux PME, créée en 1992. Ces efforts ont eu des résultats que l’on constate à certaines occasions : la Semaine nationale de la culture (SNC) lors de la compétition en art culinaire, le Salon international de l’artisanat de Ouagadougou dans le pavillon agroalimentaire ou encore les Journées agroalimentaires (JAAL). Les produits sont désormais mieux présentés, dans des sachets étiquetés et disposent de points de vente. Mais tout cela reste bien souvent le business de la survie, incapable de produire des économies pour les lendemains incertains, à plus forte raison pour les générations à venir. Toutefois, dans ce gros lot d’artisanes de l’alimentaire, émerge une autre race de femmes, celles qu’on classe dans la catégorie des dames de cœur, de fer ou du savoir- faire de l’art culinaire.

Des ambassadrices aux manches retroussées

Traoré Asséto, femme cinquantenaire de foyer. En 1989, elle vendait encore de la bouillie accompagnée de galettes comme on en voit partout dans les rues des villes burkinabè. Elle a forcé le destin et à ce jour, elle a déjà sillonné le Niger, le Mali, la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Ghana. Elle caracole à la tête des femmes burkinabè les plus innovantes en matière de mets locaux (Lire dans la précédente parution « L’Histoire de la vendeuse de bouillie d’Allah ».

Sabine Sana, née il y a maintenant 40 ans, est une rapatriée de Côte d’Ivoire. Malgré la crise et ses corollaires de violences dans ce pays en 2002, elle y est repartie « pour mourir d’un coup » plutôt que de souffrir. Elle s’est envolée en 2009 en Allemagne pour prendre part à la semaine verte de Berlin grâce notamment à son travail sur l’attièkè made in Burkina Faso. Mieux, la présidente de l’« Association Teg Taaba pour la survie des rapatriés de la Côte d’Ivoire » souhaite dire au monde qu’elle et ses camarades ne sont plus dans une situation de survie. « On a quitté la survie, on vit maintenant », dit-elle tout sourire.

Avant, Sabine a tout essayé avec ses mains. Son dernier passage en Côte d’Ivoire, elle a préparé et vendu du vinaigre, de l’eau de javel et du savon liquide. Mais une fois à Ouagadougou, elle s’est associée avec d’autres rapatriées pour fonder l’association Teg Taaba pour la survie des rapatriés de la Côte d’Ivoire forte de 620 membres organisée en 31 unités de production d’attièkè (chiffre du 10 février 2010).

L’Association compte parmi les grands clients, l’Université de Ouagadougou, l’Université de Bobo Dioulasso et celle de Koudougou. Durant l’année académique 2008-2009, les femmes ont pu livrer en moyenne 4 tonnes d’attièkè par semaine soit environ 10 millions FCFA de chiffres d’affaires en 9 mois. Elles s’étaient jetées dans un premier temps dans la germination du mil destiné à la préparation du dolo ainsi que dans l’extraction du beurre de karité. Si elles avaient des clients pour ces activités, Sabine et ses camarades n’étaient pas plus douées que celles qui occupaient déjà ce terrain.

C’est alors qu’elles ont remarqué l’attrait des Ouagalais pour l’attièkè, le couscous à base de manioc, un plat dont la préparation est connu des rapatriées. Pour râper le manioc approvisionné à partir de Bobo, elles ont perforé des tôles ; et pour attirer l’attention du public, elles ont organisé une dégustation au siège de leur association à Kilwin. Les résultats ne se sont pas fait attendre. Aujourd’hui, Sabine revendique la paternité de la technique de transformation de l’attiéké à base de la pâte à placali et de l’attièkè séché.

Ce dernier produit lui a valu la participation en novembre 2009 de participer à la semaine verte de Berlin. L’institut de recherche en sciences appliquées et technologies (IRSTA), est en train d’analyser l’attièkè séché pour lui établir des normes de qualité et déterminer ses composantes nutritionnelles. L’Institut national pour l’environnement et la recherche agricole (INERA) pour la part a sélectionné une variété de manioc, la V5 (94/0270), qui se vulgarise grâce à l’appui du PNUD. Un plan de « relance » de la production a été validé au cours d’un atelier le 12 février dernier à la direction des archives nationales. Mais tout n’est pas rose, le business des femmes rapatriées de Côte d’Ivoire souffre souvent du non respect des engagements financiers des gros clients. La situation est telle que Priscille Zongo, l’épouse du Premier ministre, a intervenu pour leur donner des conseils précieux. Ainsi, le ministère de l’Emploi et de la Jeunesse est sollicité pour apporter son soutien en termes de constitution de fonds de garantie auprès des banques ou d’octroi de prêts directs. Par sa tenacité, elle a irradié de courage tout son entourage. La section de Léo, mise en place en 2006, dispose d’un siège au secteur4 de la ville et compte 37 personnes. « Ça va un peu ! », a dit modestement Fanta Ouédraogo, la représentante de la section. Celle de Tanghin-Dassouri ne s’en plaint pas non plus. Sauf la trésorière de l’Association nationale, Maria Ouédraogo qui se plaint pour sa caisse. Les grands clients accuseraient des grands retards pour s’acquitter de leurs engagements et cela conduit à des pénalités au niveau de la banque auprès de laquelle elles ont contracté des prêts. A certaines périodes, elles connaissent aussi des pénuries de matières premières. Mais dans l’ensemble, ces femmes regardent un horizon plus promoteur. Les autorités leur avaient offert des parcelles pour l’exploitation de manioc qui a vu sa culture se développer davantage à Ouagadougou, à Saponé, à Kombissiri, dans les Hauts-Bassins, dans les Cascades et au Sud-ouest. Des ONG et projets Helvetas et APIPAC se sont joints aux dames. Des boutures de ce précieux tubercule sont venues de la Côte d’Ivoire pour une expérimentation à Barma (Kourwéogo), Dapélgo (Oubritenga) et Bousma (Sanmatenga).

« Avec tout ça, la production est insuffisante pour satisfaire les besoins », dit-elle. Alors l’association continue de s’approvisionner en matière première à partir de la Côte d’Ivoire pour un coût de 4 à 5 millions FCFA par semaine. La tempête étant passée, Sabine Sana rappelle à tous de par sa lucidité, qu’elle a un bon niveau scolaire (la terminale) et une conscience politique élevée. « Si cet argent revenait aux burkinabè, ce serait bien, dit-elle avant de plaider « l’indépendance économique des femmes » et « pour qu’on mette l’accent sur l’irrigation au Burkina ». D’année en année, Sana Sabine, celle qui voulait mourir d’un coup, a désormais envie de vivre, mieux, elle donne envie de vivre de par son soutien aux gens qu’elle héberge mais aussi de par son large sourire sans fard à toute occasion. Elle héberge en effet 4 filles et trois enfants et apporte du soutien à certaines de ses camarades encore en difficulté.

Elles vendent le Burkina dans des sachets et dans des assiettes

D’autres visages peu connus sont aussi, mine de rien, le porte-flambeau de nos spécialités culinaires. Partout où elles passent, à l’intérieur mais surtout à l’extérieur, elles vendent l’image du Burkina Faso à travers leurs produits. Pauline Zoungrana/Ki de l’association Bô-Beoog Neeré (En quête d’un avenir meilleur) habite au secteur 23 d’Ouagadougou. Elle met en sachet du couscous, de la farine, du zoom-koom+ instantané qu’elle dépose dans les alimentations ou vend dans les services, les domiciles et lors des expositions. Un sachet d’un kilo de mabléri est vendu à 1500 FCFA. « Je vis de ça », dit-elle. Elle ne sait ni lire ni écrire. Néanmoins, elle va réussir dès 1991, à « inventer » le couscous mabléri fait à partir d’une association de la farine de maïs, de blé et de riz et devenu populaire et connu de toutes les femmes transformatrices de céréales. Tout au moins, elle revendique ce nom et regrette de ne l’avoir pas protégé. « Je suis la créatrice de mabléri. A l’origine, j’ai proposé les noms mabléri, blémari et rimablé et les clients m’ont amenée à retenir mabléri », soutient Mme Zoungrana. Sans se décourager et avec le soutien de projets et d’ONG comme Association Songui Manegre-Aide au développement endogène (ASMADE) et Afrique verte, elle poursuit avec enthousiasme son activité. Entre-temps, elle a inventé le couscous Rima (riz-maïs). Sûre de la qualité et de l’authenticité de ses produits mabléri, elle rêve de décrocher un jour un prix aux Journées agroalimentaires. « C’est à la préparation qu’on voit la différence », se vente-t-elle. Une autre dame, Sawadogo née Bambara Angèle, fait du couscous de patate au riz, mais reste la spécialiste du couscous à la viande hachée, le mieux vendu de tous les couscous au Burkina, selon Asséto Traoré, sa camarade. Angèle a commencé cette activité en 2002 de retour d’un voyage d’études au Mali où elle avait été séduite par le travail d’une transformatrice. Avant, elle a tout essayé : vendeuse d’eau glacée, de zoom-koom, de bassi au lait, du riz, du haricot, du tô...« C’est en tâtonnant que je suis arrivée là », concède-t-elle. Aujourd’hui, elle est la patronne de l’Unité de production « Merveilles du Faso » implantée à Gounghin, au secteur 8.Elle travaille à la maison avec d’autres femmes. Selon ses dires, elle est beaucoup sollicitée pour ce qu’elle fait. « C’est un couscous que les gens aiment. On n’arrive même pas à satisfaire nos clients », déclare-t-elle. Les commandes de Mme Sawadogo viennent de la capitale, mais aussi des provinces- Koupèla, Tenkodogo, Korsimoro, Koudougou et Bobo-Dioulasso où elle dispose de partenaires revendeuses. Il y a aussi une dame au Ghana qui vient prendre pour revendre. En début de ce mois de février, elle a enregistré sa plus grande commande, 100 mille francs, venant de Kaya. Elle se prépare activement pour prendre part à la compétition en art culinaire lors de la Semaine nationale de la culture (SNC Bobo 2010), avec du déguè jaune qu’elle baptise « déguè de maïs jaune au coco râpé », une nouveauté pour les Burkinabè plutôt habitués au déguè de petit mil. L’histoire de ces dames est commune à toutes les femmes de ménage du Burkina, sauf leur parcours qui reste marqué par la volonté d’innover, de toujours pousser vers l’avant. Lors de sa formation, Mme Sawadogo Angèle a appris à faire du couscous de maïs jaune, qui en terme d’affaires allait mieux que ce qu’elle avait toujours fait. Mais elle y a ajouté du couscous de maïs blanc aux carottes et persil. C’était encore mieux, ce qui ne va pas l’empêcher d’introduire dans ses couscous de la viande hachée et séchée.

Le succès économique fut encore plus encourageant, l’obligeant à augmenter considérablement sa production et à embaucher des employés. N’empêche, elle va continuer à chercher et se retrouver avec du couscous de patate au riz puis aujourd’hui avec du dèguè jaune.

D’autres, non moins battantes, exercent dans l’artisanat alimentaire pour homme, mais aussi pour les animaux. C’est le cas de Patricia Zongo de l’association « Femme bats-toi » qui vente le mérite d’un aliment de bétail à l’huile de balanitès, une plante locale. Mais l’approche familiale, voire ancestrale persistante dans les activités, confine encore la plupart des artisanes aux rôles de ménagères en quête de petits sous destinés à la soupe familiale. Dans ce cas de figure, les femmes s’épuisent davantage et entraînent dans leur sillage des enfants qui se lèvent tôt ou se couchent tard afin d’aider leurs mères, leurs tutrices ou leurs patronnes. Néanmoins, ces artisanes par leur travail laisseront sans doute leur nom dans les grands hôtels ouest africains et les supermarchés du monde, tout au moins, elles auront mené une belle aventure alimentaire pour le Burkina de demain, promis à un avenir de pays émergent.

Aimé Mouor KAMBIRE