vendredi 16 juillet 2010

Un combat inutile entre un grossiste et ses détaillants

La société Cado Deco est accusée de pratiquer à la fois le commerce
en gros et celui en détail par l’Organisation nationale des commerçants
du Burkina ( ONACOM/B ) (lire sidwaya n° 6709 page 12).
Et par la voix de son président Moussa Drabo, cette association s’inquiétait,
au cours d’une conférence de presse, le samedi 03 juillet 2010
à l’école Dagnoen de Ouagadougou, de la disparition des détaillants
qu’une telle situation pourrait entraîner.

A dire vrai, il n’en est rien, au regard des expériences passées. D
éjà au XIXè siècle, des compagnies ferroviaires avaient cru pouvoir devenir marchands de blé !
Rockeffeller lui-même s’était assuré du contrôle de son réseau des puits à la pompe.

Les sidérurgistes ont, quant à eux, pensé un temps, qu’avoir un pied dans le charbon et le minerai, et l’autre, dans l’acier, leur assurait une position confortable
dans ce secteur économique.

C’est le même mariage du contenu et du contenant que l’on a observé entre-temps,
chez Vivendi Universal avec la volonté de tenir dans une même main,
les tuyaux et de maîriser ce qui passe à l’intérieur.
C’est ce que l’on a appelé " l’intégration verticale".
C’est comme si un vendeur de Pizzas, venait à se dire qu’être propriétaire
à la fois de la pâte et des ingrédients est un excellent business.

Toutes ces constructions ont fini par subir les effets contraires des cycles différents de produits censés être complémentaires.
Que l’ONACOM/B se rassure donc, car c’est certes une séduisante vision,
mais "ce mariage sous régime de biens communs" n’aboutit qu’au divorce.

En effet, tenir tout peut rapporter gros mais coûte extremement cher.
Les deux protagonistes pourraient donc faire l’économie de cette guéguerre.
Voilà une situation qui va s’étouffer de l’intérieur que l’ONACOM/B
s’évertue à combattre de l’extérieur.

L’association des commerçants mène à notre avis, un combat inutile
et la société Cado Deco a intérêt à recentrer sa politique,
si l’accusation première s’avère être une réalité.

La question à laquelle ces deux se doivent de répondre
est plutôt la suivante : pour maîtriser le marché
doit-on être fort sur toute la ligne ou imprenable sur un point ?

Tabyam Abdoul Salam OUEDRAOGO
(tabyam@hotmail.com)

mercredi 7 juillet 2010

du 07.08.2010 edition sidwaya

l'article du jour est de Hortence ZIDA

Hôpital moderne de 600 lits
Une médecine de pointe chez nous

Au cœur de ce quartier situé à la périphérie sud de la capitale burkinabè, un décor paradisiaque semble se détacher du cadre semi-urbain. En moins de deux ans, une infrastructure est sortie de terre par la magie de l’intelligence humaine, du béton et du fer. C’est le centre hospitalier moderne en construction à Ouagadougou pour accroître l’offre sanitaire. Et tout indique ici que rien n’a été négligé pour qu’il en soit ainsi.

L’architecture est futuriste, tout ce qu’il faut pour développer une médecine de pointe. Un hôpital pavillonnaire conçu pour 600 lits qui vont l’équiper, entre autres performances et commodités technologiques destinées à faire sa réputation.

« offrir une médecine de pointe pour le Burkina et les pays de la sous-région », se réjouit le Dr Emmanuel Zida, coordonnateur du projet. 60 millions de dollars, soit 30 milliards de francs CFA ont été mobilisés pour la construction et l’équipement du joyau.

Selon l’ancien directeur de la médecine hospitalière (devenue direction des hôpitaux publics), le Burkina n’a ménagé aucun effort pour faire de Tingandgo, dans la banlieue de Ouagadougou, un pool régional d’excellence en terme d’offre de services sanitaires. L‘homme est gestionnaire des services de santé et a porté le projet comme un bébé.

Un hôpital « top model »

On le croît sans effort quand il déclare avec fierté : « Cet hôpital se positionne pour être sous régional, par sa modernité, ses équipements, son organisation et la gestion que l’on compte mettre en place. Dans l’espace UMOA, il compte être une référence ». Le Burkina gagne ainsi une longueur d’avance dans un espace économique et monétaire ouest africain qui « actuellement, est en train de réfléchir à la création de centres d’excellence dans chaque pays ».

Et pour que l’hôpital cadre véritablement avec cette ambition et réponde aux aspirations de son principal initiateur, il a fallu faire le tour de certains hôpitaux de la sous-région et de la France. « Pour ce faire, nous avons visité les trois CHU d’Abidjan, le CHU d’Accra, et celui de Koumassi. En France, nous avons visité la Cabane Blanche à Brest, les CHU de Rennes, de Caen, l’hôpital européen Georges Pompidou qui était à l’époque en phase de finition.

A partir de cet instant, nous avons eu une idée de ce que pouvait être le prochain hôpital »
, témoigne le coordonnateur. Contrairement à bien d’autres, l’hôpital de 600 lits de Tingandgo n’a pas été construit en un bloc. Le modèle est pavillonnaire, ce qui veut dire que le complexe est fait d’une multitude de bâtiments : au total huit (8) pavillons d’hospitalisation. Parmi eux, se distingue ce compartiment que les concepteurs veulent spécial, pour la simple raison qu’il est dédié à une clientèle de luxe.

A l’instar des infrastructures hôtelières où chacun se loge selon ses moyens. Emmanuel Zida de donner dans la réclame : « Dans l’ensemble, le confort des chambres équivaut à celui d’hôtels de 2 à 3 étoiles. Il y a la télé, l’Internet, la climatisation. Il est prévu qu’il y ait un personnel dédié à vous, pour vous prendre convenablement en charge ». Voilà pour le côté confort.

Pour les exigences technologiques et les facteurs de compétitivité, le chef du chantier se fait tout aussi prolixe dans la description. Ce sera le royaume des Technologies de la communication (TIC), assure-t-il. Dans le projet initial, on avait rêvé de minimiser l’utilisation de la paperasse. Il faut faire des économies partout où c’est possible.

Mais « le niveau de développement de notre pays ne nous permet pas cela », regrette celui qui supervise toute la mise en oeuvre. Qu’à cela ne tienne, le système informatique sera utilisé au maximum, surtout que l’hôpital affiche l’ambition de communiquer amplement avec le monde extérieur, grâce à la télémédecine.

Autres caractéristiques du nouvel hôpital, son bloc spécial conçu pour la chirurgie cardiaque, son héliport qui permettra d’accueillir des malades en urgence de l’intérieur du pays ou de la sous-région.

Dans la traumatologie comme dans bien d’autres filières, le centre hospitalier de Tingandgo compte développer l’offre de services. C’est pour ce faire que l’établissement va être équipé d’une unité IRM. « En Afrique, ils ne sont pas très nombreux, les pays possédant cette technologie médicale qui permet de poser de bons diagnostics et de donner des soins appropriés », explique le coordonnateur du projet.

Incinérateur performant, service de buanderie tout aussi compétitif, ces dispositions comme tant d’autres sont prévues pour permettre à l’hôpital de jouer le rôle qui lui est assigné. « Il pourra desservir de nombreux hôpitaux de Ouagadougou et hors de Ouagadougou.

A la buanderie, on pourra nettoyer au quotidien entre 250 à 300 Kg de linge ». Dans le nouvel établissement, l’on veut œuvrer au maximum pour que les patients ne ramènent pas de germes nocifs chez eux à leur sortie. On voit là la batterie de précautions que le centre va s’obliger à observer pour lutter contre les infections nosocomiales. Chaque pensionnaire sera habillé de pied en cap par la maison durant son séjour. Dans le même souci, il n’aura pas à amener de draps de chez soi.

Pour lutter contre la pollution, rien n’a été négligé. La question environnementale a été particulièrement étudiée et prise en compte. L’on a aménagé des espaces verts et boisés. Ceux-ci seront combinés avec des espaces bitumés ou pavés, histoire de minimiser l’invasion de la poussière. Dans la même optique, tous les pavillons sont reliés par des couloirs protégés et bien aérés, des corridors qui permettent une circulation fluide et un transport adéquat des malades.

La rationalisation et la quête du savoir

Afin de permettre une bonne accessibilité aux personnes handicapées, rampes d’accès, toilettes et autres espaces de soins ont été conçus conformément aux normes. Le spirituel n’ayant pas été oublié, mosquées et églises trouvent leur place parmi les différents bâtiments. La mise en place d’une telle infrastructure permettra certainement au Burkina d’alléger considérablement sa facture due aux évacuations sanitaires.

Autant dire que cet hôpital contribuera à la rationalisation de la gestion et à la maîtrise des coûts. Chaque année, notre pays dépense plus d’un milliard de francs CFA pour évacuer (soit en Europe, soit en Afrique), des malades qui ne peuvent pas être pris en charge localement. On n’oubliera pas le non moins important. L’hôpital de Tingandgo se positionne comme un centre hospitalier universitaire moderne et d’excellence.

En son sein, il a été élevé un amphi de 200 places auquel s’ajoute une grande salle de conférence, pour donner corps au caractère universitaire de l’établissement. Le complexe compte également une grande bibliothèque, quatre salles de cours de 80 places chacune et une multitude de bureaux pour les scientifiques. Pour compléter le dispositif, il y a deux pavillons d’hébergement pour les internes.

A travers cette infrastructure, le Burkina a clairement affiché son souci de promouvoir la modernisation du système de santé. La prise en compte de ce facteur aura inspiré toute la dynamique de ce projet. C’est pour ce faire que la future équipe dirigeante se devra d’assurer une gestion efficace et durable des installations.

Le Burkina s’est attaché l’accompagnement du fournisseur d’équipement, une entreprise taïwanaise. C’est elle qui assure la formation du personnel affecté à l’usage et la maintenance des installations. Des techniciens ont été envoyés, à cet effet, se former à Taiwan.

Il ne reste plus qu’à attendre la mise en route de l’œuvre gigantesque. Mais auparavant, il faudra passer par une phase expérimentale de son fonctionnement. Celle-ci est prévue pour le début du mois de septembre prochain. Selon Dr Emmanuel Zida, l’hôpital commencera à tourner à cette date, mais sans patients.

Il s’agit, a-t-il expliqué, de permettre au personnel de s’initier, tester le matériel, huiler le circuit, pour le rôder avant le fonctionnement réel. Les mois de septembre, octobre, novembre et décembre seront, pour ainsi dire, consacrés à l’ouverture technique. Les premiers malades seront accueillis en janvier 2011.

Hortense ZIDA