mercredi 17 mars 2010

la morale agonise au faso

La morale agonise au Faso a dit l’élu. Donc la fin justifie les moyens dans un contexte ou l’homme politique a besoin d’argent pour financer sa carrière.


Il existe de nos jours une nouvelle race de serviteurs de la nation, pressée de se servir de la politique pour se servir. La politique pour eux est un moyen rapide de mobilité socio-économique. Ils mêlent affaires et politique de manière systématique. Leurs réussites politiques semblent se doubler de fructueux avantages privés. Pour ces fonctionnaires, la politique fait fructifier l’économie. Leur fortune dépend donc énormément de leur accession à un poste important dans l’administration ou la politique.

En contact avec une entreprise pour la réalisation d’un marché public ces cadres sont tentés de lui demander de passer à leurs domiciles pour quelques travaux. Le hic c’est que ces cadres ne veulent pas forcément de factures et quand bien même ils la réclameraient que l’entrepreneur oublierait de la leur envoyer.

Aussi ils se susurrent que les occupants de certains postes reçoivent deux clefs et un numéro dès le lendemain de leur nomination.

La clef d’une voiture luxueuse, une deuxième d’une villa et le numéro est celui d’un compte bancaire alimenté régulièrement. Vraies ou fausses affirmations ? Il faut être nommé à ces postes pour avoir le cœur net.

Reste un triste constat ! Moins de deux mois après leurs nominations à des postes de responsabilité, certains hauts fonctionnaires se retrouvent avec trois voitures à domicile: celle affectée aux besoins de madame est la même qui sert à amener les enfants à l’école. Une deuxième est utilisée pour les virées nocturnes en ville, et fait office de taxi pour la maîtresse. La dernière un véhicule 4x4 tout terrain de préférence permet de joindre l’intérieur du pays. Le système politique burkinabè à l’image de toute démocratie tire sa légitimité de règles préétablies.

N’en déplaise à certains toute démocratie est fondée sur un ensemble de valeurs plus ou moins complexes qui la soutiennent. Et Giovanni SARTORI dans sa théorie de la démocratie a affirmé que « politique et éthique ne sont ni identiques ni isolées l’une de l’autre dans des compartiments étanches ». La violation des valeurs morales fragilisent donc la légitimité des élus et partant celle de la démocratie burkinabè. Là ou la corruption est de mise, le lien de confiance entre électeurs et élites(ou élus)se rompt. C’est pourquoi prétendre que la corruption est un phénomène secondaire au Faso, ou que c’est un mal inévitable- à combattre tout en sachant qu’il est impossible de l’éradiquer- est une attitude cynique.

Certes aucun pays au monde n’est entièrement exempt de corruption. Mais là ou l’intérêt public se distingue des intérêts privés ; là ou le principe de la division entre sphère politique et sphère marchande est établi, la corruption se doit d’être considérée comme une pathologie donc nécessitant un traitement préventif et curatif. N’est ce pas le cas au Burkina ?

Le mal est connu. Même si les pratiques sont variées et les méthodes utilisées discrètes et sécrètes. Dans son sens originaire la corruption est toute altération d’un état premier considéré comme pur ou idéal. D’une manière plus flexible l’on peut considérer tout échange entre deux marchés clandestins comme de la corruption. Cet échange permet à des acteurs privés d’avoir accès à des ressources publiques de manière biaisée et leur procure des bénéfices matériels ou financiers. Et les dits marchés classifiés en politico-administratifs et socio-économiques. Tant qu’il y’aura des individus disponibles pour ces types d’échanges clandestins, la corruption ne peut que se développer. De plus les informations sur les cas de corruption proviennent en général de la rumeur pour les cas d’enrichissement personnel et de la presse qui use le plus souvent du conditionnel pour révéler les faits. Il se susurre que…selon des indiscrétions il y aurait eu détournement dans … Enfin l’autre arme de lutte contre la corruption c’est la justice. Il se trouve que l’institution judiciaire elle-même est rongée par ce mal.

Une certitude demeure pourtant. Délit d’apparence ou pas on peut affirmer avec l’honorable Laurent BADO qu’il est malsain de prétendre que certaines situations ne relèvent pas de la corruption. Car quoi que l’on dise, sous nos tropiques trois situations permettent à une personne d’accéder à la richesse : le travail, la chance ( par l’héritage ou par les jeux de hasard) , et le vol. Malheureusement il se trouve que le travail ne conduit pas qu’à la richesse et il n’est pas donné à tout le monde d’avoir de la chance. C’est peut être ce qui explique que beaucoup préfère atteindre le sommet sans efforts.

tabyam ouedraogo
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